• ATTACK ON THE LAST MOON

De la musique qui résonne dans les rues, des guirlandes lumineuses qui illuminent les bâtiments, des sortilèges qui enchantent les rues. Il y a les rires qui s’élèvent et se propagent, il y a des rancunes qui s’effacent et des alliances qui passent en second plan. Cette nuit, New York vibre plus fort que jamais.

Cela fait sept jours que les célébrations sont lancées. Et comme chaque année, les sorciers mettent leur royaume à l’honneur et présentent un front uni. Les quartiers ont pris les couleurs de leur coven, les célébrations sont partout. Car ici il n’est question que d’une seule chose : célébrer cette magie qui coule dans leur sang et qui leur est chère. Il en est ainsi depuis des générations. Alors pour achever sa première année de régence, la Night Court a vu les choses en grand. Ils ont pensé à tout, ils ont voulu que cela soit le symbole de leur règne et, pour cela, ces festivités se voulaient officieusement ouvertes. Les bannis et les exclus ont pu franchir les frontières pour se mêler aux leurs pour la première fois. Sans se douter qu’à cause des actions d’un seul d’entre eux, cela serait également la dernière fois. La sécurité a été abaissée aux frontières, offrant là des occasions en or. Les sorciers ont détourné le regard, les autres ont été bien trop aveugles. Mais tous savaient que la Night Court avançait sur un terrain dangereux. Car tous les regards sont tournés vers ceux qui font leurs premiers pas en tant que leaders.

Mais les apparences, elles ne sont jamais bien loin. Car cette année et, pour la première fois, c’est la Day Court qui a été en charge de l’organisation des spectacles et animations proposées. Écrasant la concurrence de l’été et du printemps d’un revers de la main, menaçant de couper les fonds avec un sourire au coin des lèvres, s’amusant dans ces jeux de politique et de rivalités comme ils savent si bien le faire. Et le suprême de la Night Court n’a eu d’autre choix que celui de se soumettre à cette épée de Damoclès. N’ayant d’autre choix que de laisser ses ennemis ancestraux gagner cette partie en prenant le contrôle sur le programme des célébrations.

Une occasion unique pour ceux qui n’aspirent qu’au pouvoir. Le jour avalera la nuit, ils se le sont promis. Et cette fois-ci, leurs manigances ont été faites à la vue de tous. Dans le but de discréditer la politique d’ouverture d’esprit du coven régent, dans le but de soumettre tous ceux qu’ils méprisent, des spectacles grandeur nature ont été organisés chaque soir. Des représentations théâtrales comme jamais les sorciers n’en avaient vu. Des scènes les mettant à l’honneur, eux qui ont gagné la grande guerre, eux qui ont écrasé les humains. Récréant les fragments d’histoire les plus marquants, rabaissant ceux qui ne possèdent pas de magie dans leurs veines. L’humiliation aurait pu s’arrêter là. Mais la Day ne connaît pas les limites, pas quand il s’agit de gagner une guerre politique. Aveuglés par leur haine et par leur fierté, c’est l’avant dernier jour que le bouquet final a eu lieu. Celui fait pour marquer les esprits, pour prendre le dessus. Pour la dernière représentation, celle qui mettait à l’honneur la plus grande bataille qu’ils ont pu mener, ce sont des humains qui ont joué leur propre rôle. Des prisonniers condamnés injustement et tous ceux qui étaient bien trop faibles pour fuir. Ils ont été exposés à la vue de tous, tels des bêtes de foire. Faiblesse éclatante, échine courbée, des visages qui ne possédaient plus une once de vie. Ils n’étaient plus rien.

Il y a les sorciers qui ont applaudi, qui ont hurlé de plaisir. Ceux qui ne voyaient là que des pantins, des marionnettes créées pour leur amusement. Puis il y a ceux qui n’ont pu que détourner le regard, condamnés à observer, honteux de ce qu’ils étaient devenus. Mais aussi puissants soient-ils, les sorciers ont oublié leurs propres failles. Il est facile de se glisser dans la foule et de devenir un visage anonyme. De franchir les limites interdites et de profiter d’un répit qui n’est pas mérité. Pas pour les indésirables, tout au moins. Car au milieu de tous, ils sont là, les oubliés de cette société qui n’a pas de place pour eux. Ces humains qui ont du assister à la déchéance des leurs, sans pouvoir agir. La colère s’est enflammée, silencieuse et ravageuse, sans pouvoir éclater. Et dans l’ombre, ils ont juré vengeance, des promesses de mort se sont échangées. Mais personne n’était là pour les écouter. Et les festivités ont continué.

Le Rituel de la Dernière Lune, celui qui doit être lancé à la dernière minute, la dernière nuit de l’année. Là pour célébrer cet astre qui guide leur magie et rythme leur vie. Là pour offrir en sacrifice leur magie à Two Black Eyes. Chaque coven a offert une soirée de clôture mémorable et les sorciers attendent sans pouvoir réprimer leur impatience. Car à minuit, tous auront les yeux levés vers le ciel, l’espoir dans les pupilles et l’attente sur les visages. Car cette nuit, Two Black Eyes répondra à leurs offrandes, ils en sont certains.