shameless (arysa)

shameless ★ ariana & nysa
   Eau claire sur les mains impures, eau qui semble laver le sang rouille des crimes passés, carmin dilué qu'elle ne voit que par les yeux de l'esprit, ternes rubis liquides qui sont la condamnation éternelle à laquelle elle s'est soumise, pénitence imposée par des juges du Tartare impitoyables. Dos courbé sous le poids d'un ciel sourd à ses suppliques, sous le poids de ses propres regrets et doutes, distordue dans le trou noir des ténèbres qui nichaient en son corps. Fille de la nuit et des heures mourantes, fille des exilés et des rebuts, fille des meurtriers et de la violence. Le crime dans les veines ternies, pogrom de la beauté d'un monde qui lui était à jamais refusé.
Gamine en exil, gamine sans terre d'accueil.
Où se trouve le foyer, là est le coeur, disaient-ils si souvent. Comment trouver le foyer si l'on ne savait trouver le coeur? Comment trouver le foyer si l'on ne se savait posséder le coeur?
Rien de plus qu'une gosse perdue, sans boussole ni repères.
High priestess, porteuse des rêves et de la dévotion d'un peuple écarté par les puissants, incapable de retrouver elle-même la voie de la rédemption vers laquelle elle guide son prochain. Lueur d'espoir, éclat d'un avenir plus lumineux auquel ils aspiraient tous. Voeu de rédemption.
Elle n'avait pas peur du noir ou des ténèbres, la gamine. Née des ombres et de la nuit la plus abyssale, façonnée dans la nébuleuse la plus obscure, elle était prévision du courroux céleste, prix des péchés de l'humanité sans retour possible. Elle n'avait pas peur du noir, avait peur de ses propres ténèbres, cependant - terrifiée à l'idée de s'y abandonner, alors que l'âme sombrait toujours un peu plus dans ses crimes et ses travers retors.
Elle lave les mains encore parfumées de l'onction céleste employée lors du culte, l'esprit encore marqué des mots et des prières, des mélodies et des chants. Supplique hebdomadaire à laquelle ils se pliaient tous dans un désespoir aveugle, alors que de ses paroles elle tentait de les guider au pardon du ciel lointain. Sa rédemption à elle se paierait dans le sang, calice d'une colère divine. Le cilice d'argent emprisonne la cuisse depuis le début du prêche, pointes plantées cruellement dans la chair souillée, déjà, mortification à laquelle elle se condamnait sans relâche, semaine après semaine. Expiation dans la souffrance. Elle effleure le cercle perceptible sous la toile du jean gris, et couvre les mains poison des gants de cuir devenus signature. Cuir protection, cuir bouclier, pour la gosse jamais à l'abri d'un contact accidentel.
Terreur de toucher les soeurs aimées, contact toujours refusé par le coeur qui était moins onyx qu'il ne paraissait.
Pas distraits qui finissent par la mener dans ses propres quartiers, pensées obscures tourbillonnant au-dessus de la psyché troublée. Silhouette qu'elle surprend brusquement dans la pénombre de sa chambre, ombre chinoise qui se découpe sur les murs qu'elle a choisis comme siens. Tressaillement réflexe qui lui échappe, frayeur éphémère - et c'est une vague de paix qui la noie sans prévenir.
Nulle intruse, nulle étrangère. Celle qui se tient là détient une part de son cœur nécrosé, le partage jalousement avec la seconde aînée. Celle qui se tient là est lumière régnant sur l'existence sombre, est divinité à laquelle elle se voue sans hésitation, est promesse d'avenir à laquelle elle voudrait avenir. Nysa. Nysa, conquérante impitoyable, épée de justice divine incarnée dans la chair des hommes, victoire céleste pour écarter les adversaires du chemin de la foi. Quand Nysa était chevalier des cieux, elle-même se faisait annonce de leur courroux. Aberration, quand l'aînée était jugement divin. Nysa, idole de ses jours, adorée de sa foi perdue.
Nysa.
Le souffle lui échappe, écho d'un soulagement qui l'envahit brusquement. 'Tu m'as fait peur.'

shameless ★ ariana & nysa
   nuit dévouée au supplice éternel. poupée mannequin que l’on pivote à son bon vouloir, simple matriarche des enfants perdus. délirant loup ne devenant qu’absence dans la peau de l’agneau. intouchable. princesse des cieux, ascendance que l’on désirait divine. tréfonds que les païens appelaient si rapidement les enfers, abysse dont elle se revendiquait détentrice depuis toujours. désir supplantant les moindres devoirs pour ne laisser que le cerbère des catacombes. royaume revendiqué dans le plus secret des mouvements, masque s’incorporant au faciès pour ne laisser que son opinion la porter pendant les sessions du conseil. dualité destructrice qui ne lui valait que la présomption d’innocence. impossible de supposer la femme élevant les tendres chérubins. prise en fonction onéreuse alors que la nature profonde rongeait sa cage dorée.
maîtresses d’un monde qui serait le leur. poupées diablesses que le destin avait placé sur cette parcelle terrestre. trinité infernale impulsant les plus sombres desseins. bonté feinte pour se déjouer des mauvaises langues. murmures dans la nuit étoilée pour ne laisser que l’amertume des âmes. faciès de marbre devant les rumeurs sur l’identité du conseil. curiosité n’étant que le plus grand maux de l’humanité, part d’ombre devenant virus dans la constitution sorcière. Lèvres félines s’étirant pour entendre les élucubrations sans intérêt des fidèles. si loin du compte et pourtant la bergerie se rapprochait de la bête.
démon s’appropriant l’innocence enfantine pour leur inculquer les valeurs de l’église. poupée maternant les enfants. amour reçu, réceptacle de passage en son enveloppe charnel pour ne l’offrir qu’aux bambins. espoir tardif d’une vie glorieuse malgré une condition défavorable. myocarde soupirant de l’accalmie que les covens semblaient leur accorder. incapable de tenir telle une érudit encore longtemps. action manquante pour une adrénaline en déchéance. ariana. charnelle incarnation de la douleur pour ne laisser qu’une adrénaline infiltrant son système. louve s’emparant de ses crocs pour appâter l’agneau dans son habitat.
familiarité des lieux ne laissant point de doutes sur les pas à faire pour obtenir son dû. ténèbres s’immolant dans l’aube pour ne laisser qu’un présage de danger planant dans la nuit tombante. mélange symbiotique de l’ichor divin pour ne laisser point de doute. héritage génétique saturé au profit de l’adoption. 'tu m'as fait peur.’ lèvres immolant son faciès dans l’arrogance pure. délire tourbillonnant dans les cieux pour ne laisser que la dichotomie extrême. sentence divine immolant le diable sur place publique. « tu comptes sauter de terreur à chacune de mes entrées, high priestess ? amusement terrible s’emparant du faciès alors que l’épiderme prenait appui contre la céramique. fluide primaire s’échappant précédemment pour ne laisser que vestige de son passage. vie retombant dans la mort.

shameless ★ ariana & nysa
   Le palpitant emballé de la frayeur subite, battant d'une symphonie guerrière, cadence effarée dans la poitrine haletante. Cœur papillonnant, épiderme qui se fait brûlant à la vue de la sœur aimée, incendie dans la peau et les veines. Consumée de l'envie de la toucher, elle comme eux tous, comme les fidèles, comme les adeptes, comme tous ces mortels qui tombaient aux pieds de la déesse, dévorée de l'envie de connaître un jour le contact réconfortant du grain de la peau ivoire de l'aînée. Effleurement d'une sœur, étreinte réconfortante dont elle avait toujours été privée, de toute éternité - loin des bras d'une mère, d'une sœur ou d'un être aimé. Fuir leurs caresses pour préserver le fil délicat de leurs existences. Sculptée à la dure, dans l'ombre des sœurs belligérantes, modèles célestes avaient placé l'arme affutée entre ses mains d'enfants, pour que seule, elle repousse les démons qui hantaient le cœur. Élevée par l'aînée plus que par la mère, gosse admirative de cette sœur qui écrasait l'ennemi sous son arrogance, qui avait dompté les ténèbres de son âme pour les faire armes contre ceux qui s'opposaient à sa grandeur. Elles étaient filles d'obscurité et d'exil, forgées dans l'onyx, impératrices du monde et voix des cieux.
Elle a pris sa place sur le trône qui est sien, la gosse, a terrassé l'ennemi comme elles avant elle. Mais face aux aînées, face à Nysa, elle n'est qu'adepte aux pieds de la déesse vénérée.
La voix roule dans la pièce, l'emplit de la présence, tonnerre divin, miel céleste, qui coule sur sa peau et son cœur hanté. « Tu comptes sauter de terreur à chacune de mes entrées, High Priestess ? » Elle lâche un rire léger, se mord la lèvre pour le retenir, pour effacer le sourire amusé, ne peut s'empêcher de relever les iris vers elle. 'Tu sais bien que non... Devil.' Coeur brusquement bloqué dans la gorge et elle étouffe un instant, la gamine, alors qu'une brise court sur sa joue, arrache un frisson qui parcourt le corps entier, la fait tressaillir, arrache un soupir échappé, comme une confidence. La main se tend, presque suppliante, vers la soeur aimée, paume emprisonnée dans l'égide de cuir pour préserver l'aînée, se pose sur le bras souple de Nysa, alors que le souffle manque, encore un instant. 'A moins que tu n'en aies l'intention, bien sûr.' Nez plissé dans une petite moue, consciente que si Nysa déchaînait sa fureur sur elle, elle ne serait jamais que terreur incarnée face au courroux céleste. Et le coeur s'emballe encore à la pensée de subir le châtiment divin des hérétiques, appliqué impitoyablement par la main de la justice des cieux.

shameless ★ ariana & nysa
   sombre égide immolant le myocarde dans son courroux céleste. douceurs vespérales articulant les pantins de chairs sous l’emprise de ses phalanges d’ivoire. reine déchue d’un trône qu’on lui redevait, naissance parmi les impurs. pécheresse ultime s’embourbant dans ses vices plutôt que de s’agenouiller à la promesse de rédemption. sylphide illusoire à l’amusement sans fin. enfant de la nuit les bernant tous dans une vaine partie où les pions se déchainent pour protéger leurs reines. dualité régnante telle les divinités vénérées. distinguées de tous. fanatisme relevant d’une idéologie. social-démocratie qu’elle tentait de projeter alors que le pouvoir n’était que sien. il ne demeurerait que sien.
partage équitable avec un être unique. impossible de concevoir d’une autre façon alors que le myocarde hurlait à l’agonie à la moindre souffrance de sa benjamine. princesse de cette église, enfant choyée par ses soins. poupée manipulée. façonnée selon sa propre vision. murmures incessants aux oreilles du chérubin. tombée de l’aube dénotant avec la précédente dans un progrès certain. crépuscule salvateur alors que l’enfant tripotait les limites de l’inconscient. jeu malin alors que toute raison bénigne semblait se volatiliser dans les ténèbres. clarté obscure l’enveloppant, déplacement dans la pénombre. repérable de tous, diable se métamorphosant sous l’illusion d’un agneau. lèvres carmin trahissant ses intentions, simple costume pour exercer son pouvoir. susurrements volatiles dans leur douce prison. trahis par leur propre espèce, enfants de lilith rejetés des leurs. propre communauté en phase de rébellion. glorieux comme lucifer devant les divines portes. enfer se déversant sur l’humanité pour n’y laisser aucune trace d’innocence.
innocence réprimée de tous, piège cuirassée l’enfermant dans une solitude intemporelle. phalanges glissant contre le tissu. sans peur et sans reproches. « jamais. » démence enfantine comprimant sa propre raison. incapable de distinguer le bien et le mal. irrécupérable. âme déchue de sa once d’humanité pour n’offrir qu’un vaisseau charnel aux vices sacrés de leur foi. conseil superficiel alors que la mère de tout démon s’immisçait dans les esprits enfantins. charme et gourmandise. délires qui semblaient peu sensibles or, enfants de misère s’embrasaient sous l’appât d’une glorieuse destinée. complexe héroïque pour eux. complexe de dieu pour soi. « enlève tes gants, tu sais qu’ils sont obsolètes en ma présence, ma soeur. » sylphide, reine du pandémonium. inflexion certaine sur les derniers mots. rappels écarlates des liens transgressant les lois. esprits sauvages renfermés dans des conventions sociales. obsolescence d’une société entière. prisonnière d’une cuirasse épithéliale, un coup fatal et sa mission s’achèverait dans le plus grand des désespoirs.

shameless ★ ariana & nysa
   Visage qui s'incline vers le sol en témoignage de soumission et de déférence, pietà face à l'étoile obscure, à la déesse de ses jours et de ses nuits ; gosse qui se ne voyait que poussière là où l'aînée était gemmes précieuses, catalyste de la voix des dieux et bras armé de leur vengeance devant qui elle ne pouvait que tomber à genoux, la mortelle, la condamnée. Mots brûlants qui s'étouffent dans la gorge, prières importunes qu'elle voudrait offrir à l'aînée, qu'elle ne sait prononcer, pourtant ; terrassée d'admiration et de crainte, terrassée des doutes et hésitations.
Iris ancrés sur le ballet pâle des doigts de l'aînée, elle suffoque, alors que le souffle se fait court, emprisonné dans le thorax figé sous le mouvement hypnotique. Nysa, fragment stellaire confié aux soins de leur clan, météorite pour embraser les frontières de la réalité de sa grandeur, déesse parmi les hommes et les pénitents. Nysa, chemin et destination, aspiration éternelle de ses jours sans soleil, idéal inatteignable de ses doigts impurs.
« jamais. » Mot de miel pour capturer son souffle et son palpitant dans l'ambre de ses tonalités, soulagement éphémère qui la submerge en vagues. Le cœur ne sait s'apaiser, pourtant, alors que s'éloigne la perspective du châtiment de son âme impie, alors que s'échappe l'inquiétude latente à l'idée de décevoir, indigne des affections et de la compagnie de la céleste.
Poupée de poussière et de cendres, calice de la mort et des crimes de l'humanité, augure de leurs âmes en perdition, qui se targuait de porter les voix et les suppliques aux oreilles divines des démiurges, incapable de ne serait-ce que souffler ses désirs à la divine belligérante.
« enlève tes gants, tu sais qu’ils sont obsolètes en ma présence, ma soeur. » Air raréfié, souffle bloqué dans la poitrine obstruée ; et les iris emplis de tourments se posent sur le visage de Madone, et elle se détourne, l'enfant des ténèbres, drapée dans le velours carmin de la honte, alors que le feu embrase les joues de porcelaine. Vecteur de mort, cavalière d'apocalypse pour porter les sept plaies d’Égypte dans le poison de sa peau ; elle n'était que pantin des enfers, arme de chair, spectre de vie gorgée dans celles dérobées. 'I won't.' Terreur enfantine et irrationnelle, peur paralysante de toucher lors d'un moment de distraction, peur de dérober la vie carmine qui roulait dans la gorge pâle, peur d'éteindre l'étoile. 'I could not live with myself if I -- if you...' Mots abjects qui ne sauraient être formulés, alors que les paupières se closent dans l'horreur de la vision ; se rouvrent brusquement, cependant, emplies de la fureur à l'idée même, courroux divin qui l'embrase toute entière, et elle tient tête à l'aînée, consumée de la haine de son être propre. 'And you know that perfectly. Want me uncareful? Make me.'
Défi brûlant dans les iris d'or, bravade jetée au pieds de la déesse ; elle n'était que gamine embrasée du feu céleste, dans la terreur de se faire chute de la divine.
Don't you even dare, sister.
Don't you even dare, beloved.