Artifact — ft.Ashby

“artifact” — Ashby est quelqu'un d'attaché à sa routine, et il est facile de prévoir ses déplacements lors d'une journée de travail. Il arrive et repart toujours à la même heure, et si vous n'avez ne serait-ce qu'une minute de retard sur son horaire de fermeture, n'espérez même pas mettre le pied à l'intérieur. Il n'a absolument aucuns scrupules à fermer la porte au nez d'un client pas assez pressé. Une fois la boutique fermée à double-tour, il rentre directement chez lui, prenant toujours le même chemin, guidé uniquement par l'habitude. Ce n'est pas pour dire qu'il ne fait jamais rien d'autre que travailler, mais les jours où il dévie de sont plutôt rares. Généralement, il va flâner en ville ou faire des affaires lors de ses jours de congés. Les soirs où il sort se font également de plus en plus rares, que ce soit pour le plaisir ou pour rencontrer des acheteurs potentiels. Ashby n'a jamais été particulièrement social, mais ça ne s'arrange décidément pas avec les années, il semble se replier sur lui-même, semblant se plaire dans son image de vieux ronchon. Comme s'il se disait que les rares fois où il fait des efforts, personne ne les remarque, alors autant ne pas en faire.
Aujourd'hui ne fait pas exception à la règle. Sa journée terminée, il ne perd pas de temps pour faire le chemin jusqu'à son appartement. Ses pas font crisser la neige sous ses chaussures. Ce simple son réussit à le calmer, et à lui faire ressentir une vague d'euphorie enfantine. En bon sorcier de l'Hiver, il ne se sent nulle part aussi bien qu'au milieu de la neige. Les flocons semblent voler autour de lui, et il en laisse certains se déposer sur ses mains, observant avec amusement qu'ils ne fondent pas.
Une fois arrivé dans son appartement, l'habitude reprend le dessus, et il reproduit les gestes de la veille, qui étaient eux-mêmes calqués sur le jour d'avant. Rien de particulier de prévu ce soir, probablement se caler dans son canapé avec un livre, ou peut être qu'il travaillerait au beau milieu de la nuit, comme à son habitude. Il venait de s'installer dans son fauteuil avec un soupir lorsque quelques coups frappés à la porte le tirent de ses pensées. Il n'attend personne, et il n'a aucune envie de discuter avec qui que ce soit. Ça l'agace, l'imprévu. Il est tenté pendant quelques longues secondes de faire comme s'il n'était pas là, mais la lumière allumée dans tout son appartement doit le trahir de toute façon.
Il laisse échapper un grognement avant d'aller ouvrir la porte, ne faisant aucun effort pour avoir l'air avenant. « Pentecost. » Dit-il du bout des lèvres, surpris. Sûrement la dernière personne qu’il imaginait voir un jour sur le pas de sa porte. Il ne lui a jamais transmis son adresse, et même s’il ne la dissimule pas plus que n’importe quel autre, ce n’est pas particulièrement rassurant. Il n’a rien contre Eden en particulier. Ils travaillent ensemble et ont un arrangement plutôt avantageux pour tous les concernés, mais disons qu’il ne s'attendait pas à le voir venir directement chez lui. D’habitude, tout se passe à sa boutique. « Ça ne pouvait pas attendre ? » Demande-t-il avec son amabilité naturelle, en s’écartant tout de même, l’invitant implicitement à rentrer s’il le voulait. Il n’a pas spécialement envie de devoir faire l’hôte ce soir, mais le laisser sur le pas de la porte ne fait qu’augmenter sa nervosité. Emmitouflé comme il est, n’importe qui peut voir qu’il n’est pas de l’Hiver, et s’il pouvait appartenir à n’importe quel autre coven, on est jamais trop prudent. Il n’a pas envie qu’on vienne lui demander ce qu’un sorcier déviant venait faire chez lui. Et puis il n’a pas envie qu'il ait des problèmes, aussi, surtout étant donné la nature de leurs... affaires. Si jamais on apprend que Pentecost est un trafiquant d'arts, il ne faudra pas longtemps pour que les gens fassent le lien avec lui, et il aimerait bien éviter ce genre de scandale.
Son regard tombe sur le sac calé dans les bras d’Eden, n’ayant pas vraiment besoin de comprendre. Au moins, ce n’est que pour le boulot, et il espère que ce n’est pas une urgence particulière, grave ou il ne sait encore quoi d’autre... Il referme la porte derrière Eden, mais si celui-ci espère pouvoir se réchauffer à l’intérieur, c’est raté. Le vent ne souffle pas plus que la neige ne tombe à l’intérieur des murs, certes, mais la température atteint difficilement un niveau positif. Il pose sur Eden un regard interrogatif. Il serait facile de croire qu’Ashby n’a aucune envie de lui parler, mais s’il avait réellement eu envie d’être malpoli, il lui aurait certainement claqué la porte au nez, ou il aurait aboyé ses questions en le laissant sur le pas de la porte. Le simple fait que l’autre sorcier se trouve chez lui à cet instant prouve qu’il fait preuve d’un peu de bonne volonté, même si ça ne se voit pas particulièrement.
 

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“artifact” — Ashby répond à son salut d’un simple hochement de tête, croisant à peine son regard. Il sait qu’Eden ne s’en formalisera pas – ou du moins, il ne voit pas pourquoi il devrait s’inquiéter si c’est le cas. Pour leur sécurité à tous les deux, mais surtout celle d’Eden, il vaut mieux qu’il se fasse le plus discret possible.  « Si c’était le cas, je ne serais pas venu jusqu’ici. »  Lui dit-il, une réponse à laquelle Ashby aurait pu s’attendre. Il se doute bien qu’il n’aurait pas pris tous ces risques s’il avait pu simplement lui donner rendez-vous quelque part. Il n’insiste pas, ils n’ont de toute façon pas besoin de perdre du temps avec des questions dont les réponses sont aussi évidentes.
Ashby le laisse entrer, ne pouvant s’empêcher de remarquer le paquet dans les mains d’Eden. Même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu rester agacé bien longtemps, sa curiosité prenant rapidement le dessus. Il va sûrement rester un peu grognon, mais plus pour le principe qu’autre chose.
Il laisse le soin à Eden de commencer la conversation. « Navré de vous déranger alors que vous étiez certainement bien occupé… » Il balaye sa préoccupation d’un revers de la main. Pas pour dire que ça ne le dérange pas, non, mais que c’est de toute façon trop tard pour s’en préoccuper. Maintenant qu’il est là, autant passer directement aux choses sérieuses. Et puis, il doit bien avouer qu’il n’était pas si occupé que ça. Tout ce qui l’attendait ce soir, c’était son livre. Et peut-être son travail, mais l’apparition d’Eden ressemblait fortement à du travail pour lui, alors bon.
Eden lui tend le paquet qu’il avait sous le bras, avec autant de précaution que si le colis allait exploser. « J’ai enfin pu récupérer ceci, mais je ne peux pas y toucher, ce qui est un peu ennuyeux. J’ignore quand j’aurais pu venir si j’avais attendu, alors me voilà. Je me suis donné du mal pour récupérer cette pièce et j’aimerais autant pouvoir en disposer sans tarder. » Ashby récupère le paquet avec autant de précautions, ayant appris au fil du temps à ne pas s’amuser avec ce genre d’objet. Il l’observe autant que possible, emmitouflé dans un bout de tissu. Eden reste vague, c’est sûrement que c’est un objet personnel, ou qui a de l’importance pour lui. Ashby se dit que s’il comptait simplement le revendre par la suite, n’importe quel autre briseur de sorts aurait fait l’affaire, et il n’aurait sûrement pas eu besoin de venir en urgence ici. Ça l’intrigue de plus en plus. « Évidemment, si vous acceptez de m’accorder un peu de temps, je m’assurerai de me faire pardonner d’être venu vous importuner jusqu’à chez vous. » Ashby pose délicatement le paquet sur une table libre non loin, l’écoutant tout en ayant les yeux toujours rivés sur l’objet. Une fois qu’il s’est assuré qu’aucune réaction magique ne s’est produite, il dirige à nouveau son regard vers Eden. « Et je suis certain qu’il n’y a pas mieux que vous pour me débarrasser de ce… Mauvais œil, dont on a cru bon de doter ce petit objet… » Il retient un soupir. Il a déjà vu bon nombre de clients venir à sa boutique – jamais chez lui – pour désensorceler un objet. Certains aiment rester le plus vague possible, comme si cet objet qui leur appartenait ne devait être partagé avec personne. Il peut le comprendre, d’une certaine façon, mais ça ne l’aide absolument pas à faire son travail. « Il va me falloir un peu plus d’informations avant que je puisse accepter. » Dit-il simplement, d’une voix plus douce que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. « Sur la nature de l’objet en premier lieu, et sur celle du sort qui y est lié. Je ne peux pas travailler en avançant dans le noir. Je peux m’en charger rapidement, mais ça sera plus cher, j’imagine que vous vous en doutez. » Ashby espère qu’Eden se rend compte de la chance qu’il a, tout de même. Ces objets, il les garde d’habitude à sa boutique, n’ayant pas envie que l’un d’entre eux explosent à l’intérieur de sa maison ou quelque chose du genre. Si ça avait été n’importe qui d’autre, il aurait sûrement eu beaucoup moins de scrupules à les laisser sur le pas de sa porte. Enfin, c’est ce qu’il essaye de se dire, même s’il n’est pas aussi froid qu’il aimerait le faire croire. « Vous estimez en avoir besoin dans quels délais ? » Là aussi, beaucoup de clients se contentent de lui dire ‘le plus rapidement possible’. Comme s’il n’avait qu’une seule commande et qu’il pouvait se permettre de tout laisser en plan.  Cela dit, pour une fois, ça semble vraiment important. Eden n’est pas comme n’importe lequel de ces sorciers qui ne pensent pas à la logistiques des choses. Leurs métiers se ressemblent, et il sait ce qu’il vient demander à son confrère, et si Ashby essaye de se dire que c’est la seule raison pour laquelle il accepte de l’aider, même lui sait que ce n’est pas totalement vrai.  
 

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