SYBEL - I didn't know that I was broken

Elle t’a laissé là. Emmailloté dans une couverte blanche, brodé d’un flocon d’une couleur bleu ciel. Il faisait froid, la nuit était sombre. Le sol en béton sur lequel elle t’avait posé refroidissait la couverture au temps qui passait. Une simple lettre posée sur ton corps encore frêle, tu avais attendu une bonne heure avant de te mettre à gémir, puis à pleurer. Surement ce qui a éveillait la curiosité du propriétaire du pas de cette porte. Un murmure se propageait dans les rues. Il adopte des enfants. Des orphelins. Des bébés sans famille. Bien entendu, elle était ta famille, elle était ta mère. Pourtant, elle n’a jamais voulu de toi et sans se retourner ta déposer, sans amour, sur un sol froid. Alors cet homme à d’abord prit le bout de papier. Puis toi. Ce bébé sans défense, pitoyable petit être à l’entrée de la mort par hypothermie. Tout de suite plus calme, il t’a fait entrer chez lui pour ne plus jamais te laisser repartir.

Tu as grandi dans une famille. Une famille particulière, mais ta famille. Abraham t’a adopté le jour où il t’a trouvé. Il t’a pris en charge comme son propre enfant. Comme il avait déjà fait auparavant avec d’autres et comme il continuera de le faire après. Une enfance te forgeant sur ce que tu es aujourd’hui et créant un lien familial puissant. Attaché à chacun de tes frères et soeurs et particulièrement à cet homme que tu considères comme ton père. Toujours là pour t’épauler, pour te réconforter dans tes choix. Il t’a poussé à toujours faire au mieux. Tu n’aurais jamais pu trouver mieux comme famille.

Mais ta différence commença à se déclarer. Dissimulé toute ton enfance, une chose dans ton être se taisait. Certaine d’être une simple humaine et agissant exactement comme telle. Sauf que l’adolescence et ses crises ont éveillé en toi une impulsivité incontrôlable. Une contrariée, un échec, une tristesse. Ton père a décelé en toi une différence. Un soir, fatigué, contrarié, tu t’es énervé contre lui. Contre ce père qui, pour t’apaiser, ne disait pas un mot. Il te connaissait, tes crises de colère devaient être calmé seul. Pourtant, ce soir-là, quelque chose d’étrange est apparu. Plus tu t’énervais, plus l’air devenait froid. Un vent de plus en plus violent t’entourait sans que tu t’en aperçois. Une fois ta crise passée, tout redevient normal. Abe n’avait rien loupé et une évidence venait de naitre sous ses yeux. Tu n’es pas seulement une humaine. Malheureusement tu as du caractère et cette situation s’est reproduite à plusieurs reprises, toujours sous les yeux d’un père qui dissimulait tes crises d’ado. Il a alors pris la décision de t’écarter un peu des autres, monta un secret qu’il te fit promettre de garder pour toi. Tu n’as jamais aimé leur mentir, mais tu compris que tu n’avais pas vraiment le choix. Alors tu t’es réfugié dans la chimie puis, grâce à quelques vieux grimoires volés, aux potions. Tu pouvais passer des journées entières enfermées dans ta chambre, facilitant la garde de ton secret.

Majeure, tu quittes la résidence familiale. Comme beaucoup de tes ainés. Un soulagement pour toi car ton secret est mieux gardé ainsi. Tu t’es promises qu’un jour, tu leur révéleras ce que tu es vraiment, mais le bon moment ne c’est jamais encore présenté. Hanté par leur réaction, par leur rejet. Ton pouvoir, tu préfères ne pas y penser et n’apprends pas à le gérer. Abe t’a appris une technique pour te calmer toute seule, sans son aide. Une technique qui fonctionne pas trop mal pour le moment. Tu mènes une vie plutôt basique chez les humains, te faisant le plus discrète possible, aide tes frangins lorsqu’ils en ont le besoin. Ils connaissent ta capacité pour concocter quelques potions et n’hésitent pas à faire appel à toi. Une situation qui permet de garder un lien avec eux. Tu ne loupes d’ailleurs jamais un repas familial chez Abe.

Ton côté sorcière, certains jours il fait naitre de la curiosité, d’autres jours, tu l’oublis. Sans recherches, tu as vite compris que l’hiver est en ton sang et tu dois avoir un lien avec la winter court. Mais pour l’instant, tu ne recherches rien, te conforte dans ton quotidien car tu le maitrises. Pas question de quitter ton île et ta famille.