(solstice) i wish i could give you tears from my eyes but it seems that i've forgotten how to cry

Dans sa poche, elle peut sentir le poids de la pierre qu’elle a trouvé. De celle qui l’a appelé. Elle ne peut pas décrire le phénomène autrement, Dove. Elle a été appelée. Des nuits passée sans sommeil, des murmures étranges venant lui caresser les oreilles jusqu’à ce qu’elle vienne errer sans but dans les rues de staten island. Jusqu’à ce qu’elle trouve le rubis glacé. Un sentiment de complétion mais aussi une terreur sans fin. Elle est simple Dove, petite vie, petits rêves. Elle connait sa place. Une humaine avec peu de valeur et encore moins de perspectives d’avenirs. Une leçon qu’elle a apprise voilà bien longtemps.

Seulement une fois la pierre touchée, tout ce qu’elle pensait savoir s’est écroulé. Il y a des visages qui ont dansés devant elle, certains entraperçus, d’autres inconnus. Des voix plaintives qui se sont glissées jusqu’à elle. Elle aurait pu prendre tout cela pour des hallucinations … peut-être en est-ce. Peut-être que son esprit s’est fracturé au moment où elle a touché la pierre, faisant apparaitre devant elle les morts, comme autant de mirages d’un temps révolu. Mais dès qu’elle a lâché la gemme, elle s’est sentie mieux, Dove. Comme libérée. Et pourtant elle ne peut jamais s’empêcher de la reprendre. De recommencer. Comme une étrange addiction dont elle ne peut se défaire. La rousse ne comprend pas pourtant, ce qui lui arrive, ce qu’elle devient. Et elle ne sait pas où trouver des réponses. Sauf peut-être ici. Elle a longtemps pesé le pour et le contre avant de venir. Peut-être est-ce trop dangereux. Peut-être ne comprendra-t-il pas.

Mais elle est assez intelligente pour savoir qu’il s’agit de magie … et qui d’autre si ce n’est un sorcier ? Et il est sans doute celui qu’elle connait le mieux. Ou du moins celui en qui elle a le plus confiance. Peut-être qu’il saura lui. Quoi faire. Comment l’aider. Tant de questions et si peu de réponses. La rousse n’a que des éléments disséminés à droite à gauche, mais personne pour l’aider à rassembler toutes les pièces du puzzle. Sauf peut-être Basil.Qui sait. Elle se mord les lèvres en attendant, nerveuse. Apeurée.

Lorsque sa voix retentit dans l’interphone elle hésite une dernière fois. Il est encore temps de partir. De reculer.. Encore temps de faire semblant que rien ne s’est passé. Mais au lieu elle monte les marches Dove, parce que la douce idiote fait confiance. Elle ne devrait pas bien sûr, mais ça elle ne peut guère le savoir. Le sourire est tendu lorsqu’elle le salue, la nervosité qui s’échappe de tous les pores de sa peau. « Je suis désolée de m’imposer de cette façon. J’aurais sans doute dû vous prévenir avant de passer mais la décision s’est faite … sur un coup de tête j’en ai peur. ». La volonté d’avoir des réponses dépassant la peur de se révéler.

Elle secoue la tête légèrement en regardant l’appartement. « Tout est parfait ». Qu’est-ce qu’un peu de chaos comparé à la désolation de Staten ? Absolument rien. Elle se glisse dans les lieux en un mouvement souple, fluide, habituée à ne pas faire de bruit. A ne pas déranger. « Je ne serais pas venue si ce n’était pas important … » La rousse hésite, bute sur les mots. Se tourne pour planter ses yeux dans les prunelles claires de Basil. «  A dire vrai j’aurais besoin de votre aide mais je ne sais pas si je peux vous faire confiance. » Un peu trop franche peut-être. Mais Dove ne ment pas. Elle préfère qu’il refuse de l’aider plutôt que de le voir changer d’avis par la suite. Alors elle attends, dans l’expectative.