Do I take you by the hand and lead you through the land ? | Ozan&Pollux

Une nuit solitaire. Une de plus. Quand la porte de ses appartements s’est refermée derrière lui, Ozan a marqué un temps d’arrêt. Son lit, même fait, lui apparaît comme la veille, cette prison de draps dans laquelle il se débat, nuit après nuit, incapable de ses débarrasser de ses démons. Et il sait comment celle-ci se déroulera, comme toutes les autres. Il va se coucher. Peiner à trouver le sommeil. Son esprit rendra les armes quand l’aube sera là, elle qui n’est déjà plus si lointaine. Et il s’éveillera quelques minutes, une heure plus tard s’il est chanceux, en nage. Il enverra un message. Et finira ailleurs. Non. Non, il n’en est pas question. Le Prince de la Nuit ne saurait se contenter de ça. Il reste encore plusieurs heures avant que le ciel ne pâlisse. Des heures qu’il passera dehors. Si le sommeil ne le ressource pas, l’obscurité s’en chargera. Et s’il commençait par la fin ? Peut-être que ses pensées lui laisseraient un peu de répit ? Alors son téléphone a glissé hors de sa poche. Et c’est un simple lieu qu’il a envoyé à l’une des deux faces de Janus, qu’il honore à sa manière depuis des années maintenant. Avant de s’y rendre. Tromper la vigilance de ses propres ombres est un jeu d’enfant, auquel il s’adonne un peu trop dernièrement, selon les plaintes indirectes de celles-ci. Le monde n’est pas sûr. Mais il ne craint rien. Même si ses pouvoirs tentent de se dérober, il reste l’un des sorciers les plus puissants de New York. Alors que pourrait-il bien lui arriver ?

Dissimulé dans les ténèbres, il entend Pollux avant de le voir. Un sourire joueur se dessine sur ses lèvres. Evidemment qu’il n’a pas pu résister à l’appel du mystère. Amis depuis l’enfance, les deux hommes ne cessent de se lancer des paris. Enfin. Ne cessaient. Les jumeaux ont été les premiers à le faire sortir de son isolement, après son accession au trône. Le harcelant de messages. Et s’il avait été Roi Lune, ils auraient été ses favoris, sans le moindre doute. « Oz’ ? Où es-tu ? » Fermant les yeux, il repoussa toute autre pensée pour le moment. « Hého ? » Il n’y a plus que lui, Oz, gamin espiègle et Pollux, son complice. Pour une partie qui promet d’être intéressante. « Oui … où suis-je, Lux ? » Sa voix résonne, venant de partout et nulle part à la fois. Les lieux sont déserts, à part eux, il s’en est personnellement assuré. Se jouant des ombres, il s’avance, le repérant sans trop de mal. Et soudainement, il apparaît, au croisement auquel le Spring se trouve. En face de lui. Mais également derrière. A sa gauche. Et à sa droite. A quelques mètres, à chaque fois. Les quatre Ozan croisent les bras, un rictus aux lèvres. « Les termes sont simples. Tu as une heure pour m’attraper. » Mais d’enfants, ils sont devenus adultes. Aussi les mots n’ont-ils pas l’innocence qu’ils ont pu avoir jadis. « Le vainqueur peut demander n’importe quoi au perdant. » Et dans un clin d’œil assassin, il se détourne, ainsi que les trois autres. Et commence à s’éloigner.