lucky to be alive (cash)

depuis quelques minutes, la nuit devrait être spéciale, à célébrer une vie qui erre dans les rues de new york pour but de trouver le seul cadeau qui lui ferait réellement plaisir. le seul message sur l’écran de son téléphone qui le fait doucement sourire affiche “mom”; et sûrement la seule dont le plus beau jour de sa vie remonte à il y a vingt-huit années. ce jour pour célébrer une vie qu’il n’a pas choisie, qu’il a même voulu finir quelques années auparavant - les mains enfouies dans les poches, la démarche reconnaissable et pourtant discrète, cette nuit ressemble finalement à toutes les autres. les lumières des réverbères sont les mêmes, les rues et les bâtiments, rien d’extraordinaire dans l’air. à s’en convaincre, il a tenté un jour d’oublier cette date, vainement alors que chaque année est plus dure à encaisser que les précédentes. y a comme un poids qui s’entasse sur les autres à chaque fois, un poids qu’il porte de plus en plus difficilement seul. c’est pourquoi ce soir, le sorcier a quitté sa tanière, a décidé de faire taire le silence, s’aventure dans les rues de l’upper east side sans presque se cacher. c’est pourquoi il sonne à cette entrée qu’il n’a pas vue depuis longtemps, là où personne ne finira par répondre.

les sourcils froncés, y a un soupire inaudible qui passe ses lèvres lorsqu’il sort son téléphone de sa poche. resté planter devant l’immeuble, caïn se demande s’il doit faire demi-tour ou attendre une réponse. il se demande si tout ça est utile, si le temps passé a été suffisant; mais lorsque l’appareil vibre pour que son nom se dévoile, ça semble plus évident. les pas se débloquent d’eux-mêmes sans qu’il n’ait pu prendre le temps de réfléchir. l’enfant de la nuit n’a jamais vraiment aimé les devinettes mais celle-ci arrive à le faire sourire alors que ses yeux s’enroulent dans ses orbites. il sait au fond de lui où aller, il sait au fond de lui où trouver dash, sous ces étoiles témoins de la première fois où la lune s’est permise d’aimer le soleil. cette fois qui a marqué le début d’un quelque chose bancal, maladroit mais qui leur appartient. et si la nuit n’a pas osé affronter le regard du jour lors de leur dernière rencontre, caïn fait table rase ce soir, caïn efface les doutes et même ceux naissant depuis nora. caïn n’y pense pas ce soir, ne veut pas, se force à croire qu’il a le droit de mettre tout sur pause pour une fois. alors, sa carcasse sombre s’active à nouveau pour s’offrir le temps de respirer.

central park.
y a même son coeur qui se surprend à reprendre vie, à battre un peu plus fort, un peu plus vite. ça fait presque peur de le sentir à nouveau, comme si caïn eu un jour un doute qu’il se réveille à nouveau. mais cette colline interminable qu’il grimpe avec les souvenirs lui broie les tripes et lui rappelle pourquoi. et l'auréole de lumière en haut de la montée l’intrigue à mesure de découvrir ce qui en fait, l’attendait. ça l’intrigue mais lui fait froncer les sourcils. caïn n’aime pas les surprises et traîne des pieds, les mains toujours camouflées dans sa veste trop grande.
les lumières se confondent avant de se détailler, avant qu’il ne comprenne en voyant un peu plus loin, dashiell qui l’attend. un rire passe ses lèvres et il n’arrive à empêcher le sourire naissant qui brûle ses joues. “what the fuck is this?” les bougies, les pétales, les guirlandes et dash. dash et son sourire qui calcine ses entrailles, dash et son tout. dash. y a plus que dash.
y a plus rien autour, plus rien et le plus vieux ne sait pas s’il doit s’avancer encore, s’il a le droit d’entrer dans cette bulle qui semble sortie tout droit d’un des romans que le jour aime tant. c’est donc ça, le romantisme? caïn a le marbre de son visage qui craque et qui se fend, qui s’adoucit et qui trouve tout ça ridicule mais si adorable qu’il ne dira rien. pas cette fois; pas ce soir.
ce soir, y a que lui.

Dashiell est, aux yeux du monde, un être vile, peut-être même sans cœur. Certains se prennent même à le penser incapable d’aimer, en sont certains. Mais la vérité est tout autre. Il aime sans même comprendre pourquoi, le Soleil. Il aime des individus qu’il ne devrait pas, de ceux que son esprit se refuse même. Et pourtant. Pourtant alors que les Étoiles se sont mises à briller, c’est presque si elles l’ont ébloui. Il a partagé sa vie avec d’autres hommes, Dashiell, ce qui est un secret pour le tout le monde – ou presque. Il y en a eu qu’un qu’il a pensé aimer, le temps d’un moment, et puis les choses ont changé, et puis ils se sont perdus. Alors que son regard s’est perdu dans cette nuit qu’il a si souvent hait, il y a trouvé ce qu’il n’a jamais réellement cherché. Un amour des plus profonds, le genre qui fait presque mal. C’est une douleur qui réchauffe son cœur, qui lui donne envie de pousser de l’avant, d’être un homme meilleur.

Alors que penser de ce fossé qui s’est creuser entre leurs cœurs ? Dashiell a toujours eu peur du noir, même s’il ne l’a jamais avoué. Et pourtant. Se savoir aux côtés de ses Étoiles l’aide à mieux dormir, à se sentir en sécurité. Il y a la vie avant Caïn, et la vie après Caïn. Ainsi est devenu le monde du Soleil, désormais incapable de survivre sans ses astres. C’est comme si l’air lui manque, lui qui se doit de ne faire qu’un avec cet élément. C’est comme si le monde s’éloigne, devient secondaire, insignifiant. Ce n’est pas une vue, il le sait. Alors il se doit d’y remédier.

C’est à peine si le soleil tombe à l’horizon qu’il arrive au sommet de cette colline qu’il connait par cœur. Depuis qu’il y a partagé le premier moment, il se prend à y retourner, Dashiell, à se laisser porter par le son des oiseaux, à observer le lever d’un soleil réparateur. Alors il se tient là un long moment, un lourd sac à la main, à attendre que la lueur s’éteigne enfin. Et le voilà qui s’affaire. Un tissu doré prend place au sol, le recouvre avec aise. Les roses sont la perfection. Le matin même, il les a trouvées au sein même du Bronx, chez ces sorciers qui offrent le même amour à la nature qu’il est prêt à donner à ses Étoiles. Chaque vase est transpercé de filets d’or, qui se mettent à briller sous la lueur de bougies qui s’allument une à une. Les guirlandes sont elles aussi faites de fleurs éphémères, flottent sous une douce brise dont le sorcier n’est pas à l’origine. Une fois l’installation finie, il la fixe un long moment, arrange ce qui ne lui convient pas. L’opération se répète, encore et encore, jusqu’à ce qu’il soit satisfait du résultat.

Le temps passe et Dashiell attend. Il ne sait pas quand la silhouette qu’il attend apparaitra. Il ne sait même pas si ce dernier le fera. Mais il attend. La flamme d’une bougie allume une cigarette au filtre d’or, poussant de la fumée dans le fond de sa gorge. Ses ongles semblent être colorés de diamants, ses bagues cliquent légèrement lorsqu’elles se rencontrent. Son regard est appuyé par une ligne faite de pierres précieuses, faisant briller son regard. Et pourtant. Pourtant ce n’est pas un costume qu’il porte. Pourtant son corps semble jurer avec le jour qu’il se doit d’être. Certes le pantalon qui entoure ses jambes à la perfection est le sien, on ne peut s’y méprendre. Mais c’est un simple t-shirt blanc qui recouvre son torse. Une chemise aux motifs qu’il considère presque enfantin qui y a ajouté. Le t-shirt a perdu de sa blancheur par endroit, un des boutons de la chemise manque, et même s’il aurait pu les rendre parfait, il ne le fera jamais. Ce sont les vêtements de Caïn qu’il porte, ceux qu’il a laissé derrière lui au fil des mois, au fil des nuits.

« What d’you think you’re doing? » Dashiell sursaute. Perdu dans sa pensé, il n’a pas remarqué le soldat de l’automne qui s’approche de lui alors que son téléphone sonne enfin. « Meeting a girl. » Le mensonge sort sans qu'il n'y pense, reflexe qui nait au plus profond de son coeur. Il tente de banaliser le ton de sa voix, les mots qui s’en échappent, mais le tout semble faux. Ses mains ne peuvent se retenir, et elles s’emparent de son téléphone. Le message qu’il y trouve le fait sourire. « Hands where I can see them, man. » L’avocat obéit, offre un sourire. « Sorry, she has just messaged to say she’s on her way. » L’utilisation de la contraction lui brule presque le fond de la gorge, mais il offre un clin d'oeil joueur. « You know how it is. » Le soldat hésite. « Look, » reprend le Soleil. Il n’a pas de temps à perdre. « I am hoping to have some privacy. Take this and leave. » Le soldat s’apprête à refuser, mais la pile de billets qui sort de la poche de Dashiell le fait hésiter. « You shouldn’t be here at night. » « I shall keep it a secret if you will. » Les billets ne restent offerts que quelques secondes avant que le garde ne s’en empare et disparaisse, laissa au sorcier le temps de répondre au message qu’il vient de recevoir.

Il a passé des heures à attendre, mais le temps qui suit est plus long encore. Sa cigarette se finie, et il ne peut s’empêcher d’en allumer une seconde. Il les compte presque, les minutes qui passent, jusqu’à ce qu’enfin, il entende ces pas si particuliers qu’il reconnaitrait entre mille. Sans même qu’il ne puisse se retenir, un sourire étire ses lèvres alors qu’il se débarrasse du tabac afin de s’emparer d’un gadget qui l’a fait lever les yeux au ciel avant de s’en emparer dans un rire. Et le voilà qui attend encore. Jusqu’à ce que la silhouette se dessine. Jusqu’à ce qu’il entende son rire qui faire couler un frisson le long de sa colonne. « What the fuck is this? » Sa main se met en mouvement et le petit popper explose avec douceur, laissant tomber quelques maigres confettis sur le sol. Son sourire danse au rythme des bougies qui l’entourent. « Happy Birthday, Caïn. » Il ne se sent pas ridicule Dashiell – sauf peut-être en raison des confettis – tout ce à quoi il peut penser est le fait qu’il soit venu. « I was not certain you would come, » qu’il dit, doux. Il lui fait un signe de tête, l’invite à le rejoindre, la chemise des Étoiles flottant doucement à l’air. « Would you like a drink ? » Et voilà qu’il sort une bouteille de son sac. Loin de la boisson qu’il apprécie, c’est celle que Caïn boit encore et encore qu’il lui offre, celle qui force le soleil à grimacer à chaque gorgée.

The things you do for love.

les jours et les semaines se sont accumulées sans que caïn ne s’en rend réellement compte. caïn a son monde et son temps, un temps autre que celui des autres, qu’il a construit avec les notes, les sons et l’intuition. durant de longues semaines, il a cherché, dans la musique, à comprendre ce qui lui arrivait. au fil des sons, les images se dessinaient au creux de ses paupières pour faire parler son coeur, pour le libérer de tout le poids qu’on lui a fait subir. y a eu zélie et sa douceur, kai et son silence, théa et sa force, agapé et son coeur. mais un soir, sans qu’il ne l’attende, il y a eu nora aussi. nora et son nom qui l’écorche sans même le prononcer, a redécouvert une beauté oubliée, une peine cachée sous l’amas de temps, de musique et parfois, d’amour. nora qui lui a fait griffonner bon nombre de partitions, dont la frustration a refait surface jusqu’à ce qu’il comprenne qu’elle ne doit plus être le problème. caïn s’est perdu quelques jours dans le temps, n’a plus compris là où il se trouvait, à quelle époque il vivait et quelle douleur il devait ressentir. il s’est perdu dans les méandres des souvenirs trop réels jusqu’à ce que les traits salvateurs apparaissent et que dash fasse tomber les barrières. il s’est surpris à arrêter les notes et à contempler le silence comme s’il était encore plus évident que l’harmonie des sons produits. conduit par la peur et le mensonge durant trop de temps, il s’est résigné pour croire que théa n’avait peut-être pas tort.

“le bonheur s'invite quelques instants, et ces moments suffisent à endurer le reste.”

pris d’un léger sursaut, caïn dévisage le sorcier diurne sous la pluie de confettis, autant surpris par le bruit du jouet que par les mots prononcés. “how…” la voix se perd et le plus vieux ne sait que dire, stupéfait de la surprise. “i was not certain you would come,” i wasn’t either. mais les mots n’ont pas trouvé les lèvres, se sont tus aussi vite que pensés car caïn n’a pas besoin des doutes et des reproches alors il sourit, doucement, et cherche à regarder ailleurs juste un instant. “you know i hate all of this, right?” son pied traîne sur le sol et bien sûr qu’il sait dash mais malgré ses réticences face aux fêtes et aux célébrations d’un jour sans importance, caïn sait les efforts et l’instant privilégié que dash lui offre. alors si les mots sont tus à nouveau, la nuit a le sourire au bord des lèvres et se surprend à apprécier la mise en scène qui lui est dédiée. mais surtout, le spectacle le plus bluffant se trouve juste sous ses yeux, à portée de mains sans qu’il n’ose même le toucher. ce qui attrape et lui bousille l’intérieur c’est cet homme qui lui semble plus beau que jamais (comme s’il l’avait oublié après toutes ces semaines écoulées) et la seule chose qu’il s’autorise en cet instant, c’est de sortir une main de sa poche pour effleurer le col d’une chemise qu’il ne reconnaît que trop bien. si le sourire s’est effacé, c’est seulement pour pouvoir mieux admirer ce visage qui, malgré tout, lui a tant manqué. et si les étoiles ont décidé de s’enfuir quelques temps, ce soir est différent. ce soir, les étoiles ont besoin du soleil pour briller. la nuit a besoin du jour pour que ce soit un peu simple, un peu moins douloureux de se rappeler que la vie continue sur son fil tangible sans aucun remord. le sorcier a besoin de l’autre pour que le vent emporte les illusions et les enrobent dans cette bulle qui leur est si singulière. caïn a besoin de dash et s’il le savait déjà, il n’en avait jamais autant pris conscience avant de croiser à nouveau ses yeux, dont la brillance est soulignée pour lui retourner le coeur.

caïn se trouve presque hésitant sous ses étoiles, comme la première fois.
comme cette nuit où il leur a présenté le jour comme personne ne l’avait jamais vu.
hésitant, il n’ose à peine un geste seulement pour ne pas paraître maladroit. et alors que les deux hommes se connaissent mieux ou du moins, comme personne, tout semble si différent qu’à leurs habitudes. les étoiles redécouvrent ce qu’elles ont un jour aimé, chéri et même dévoré chez le jour qu’il a cru oublier, effacer, depuis quelques mois. il a suffi d’un sourire, et caïn a le regard vissé sur ses chaussures usées. “would you like a drink?” la voix brise presque son malaise mais caïn hésite - ce soir, caïn n’a pas bu. ni même dans la journée. et son coeur se soulève à la vision de la bouteille. “yeah of course. but… a small one.” y a peu de conviction mais il tente d’y croire sans s’élargir sur le sujet. peut-être que ce soir, ce sera le dernier.
le temps que dash serve, même si ce ne sont que des secondes, caïn observe les alentours, la scène, le décor et la vue sur la ville. perchés au-dessus du monde, il se souvient comme si c’était hier de cette fameuse soirée dont tous les efforts ont été réduits en miettes dès le premier matin. le sorcier soupire doucement aux pensées du schéma qui a créé leur relation; très bon résumé de leur année, il finit par attraper le verre que son amant lui tend sans même y tremper les lèvres de suite. et si l’envie l’en prend, le brun a enfin les yeux rivés sur son amour pour le dissuader le plus longtemps possible. “how long did you take to prepare all of this?” ses yeux suivent la question en montrant tout ce qui les entoure sans même que son visage ne bouge alors qu’un sourire flotte sur ses lèvres. l’air est doux et peut-être qu’il n’a pas bien écouté la réponse de dash qu’il semble captiver par ses traits. “you do are beautiful tonight.” qu’il s’éprend à dire sans flancher.

i missed you que crie son regard sans pudeur.
i missed us que crie son coeur sans un bruit.
thank you. for reminding me the reason why i’ve loved you that much all this time.