So take a look at me now { Teddélie

Une commande. Une demande. Dans tous les cas : un travail. Et c’est une aubaine pour Zélie Havilliard, qui a désespérément besoin de se changer les idées. Depuis le Nouvel An, tout va de mal en pis. Et ce n’est pas ses jours de repos forcé dans l’appartement de son amour d’oncle qui lui ont spécialement fait du bien. Au corps, sans le moindre doute, elle en avait besoin. Mais au cœur et à l’âme … Elle n’a pu se résoudre à se rendre aux funérailles de la Première Dame de la Summer. Le deuil est trop douloureux, voir leur Suprême ou s’effondrer, ou faire bonne figure alors qu’un ange pareil leur a été arraché. Outre ses rêves de monter sur scène pour de bon qui s’effondrent, c’est un modèle qui disparaît de ce monde. Et c’est beaucoup trop difficile pour la jeune femme. Même bercée par Percy, même cajolée par Caïn, retrouver le sourire a été difficile. Parce que ce n’est pas eux qu’elle aurait appelé les premiers, même si elle les aime. Mais sa moitié n’est pas une option. Ne l’est plus. En résumé : beaucoup trop de choses qui ne vont pas à ce moment précis dans la vie de la naïade, qui est plus qu’heureuse d’avoir une distraction. C’est d’ailleurs ce qui a réussi à remettre un sourire sur ses lèvres, à lui faire quitter le noir pour enfiler une de ses robes signature, bleu lagon au jupon de tulle irisé. Juchée sur des talons, maquillée, on pourrait s’y méprendre et penser que rien n’a touché l’enfant de l’Eté. Après tout, il s’agit de leur mantra : the show must go on. Ou keep the party coming. Et c’est pour cela qu’on désire l’engager, louer ses services. Il n’est pas question de démériter, que ce soit pour son nom de famille ou pour sa simple réputation. Ou parce qu’une soirée réussie est exactement ce qu’il lui faut pour se prouver qu’elle peut continuer comme ça, sans lui. Sans eux, même.

C’est donc en avance qu’elle arrive au Palo Alto, heureuse du choix de l’endroit qui lui plait toujours particulièrement. Le personnel ne manque pas de la reconnaître et son serveur préféré d’assortir son arrivée d’un baisemain : « Un plaisir Miss Havilliard … Je vous apporte l’habituel ? » Un gloussement lui répond. On y croirait ? On y croit. « Avec plaisir … j’ai rendez-vous avec Miss Calypso, est-elle arrivée ? » « Tout à fait, mais elle est descendue prendre un appel. Je vais vous installer. » Et en quelques minutes, la demoiselle se retrouve attablée, face à un serviteur muet rempli de macarons salés particulièrement colorés, son cocktail préféré à portée de main. Et le sourire sur ses lèvres n’est plus aussi forcé. Les éléments familiers, de son quotidien se mettent en place. Il ne lui manque plus que ce travail et tout se déroulera pour le mieux. Impatiente, elle sort son calepin. La demande était très laconique et assez mystérieuse, ce qui n’a rien d’étonnant. Juste assez pour piquer son intérêt, comme d’habitude. Ce qui veut dire également qu’elle n’a rien préparé, ce qui n’est pas handicapant étant donné sa faculté à trouver des idées rapidement, mais lui enlève une longueur d’avance. Ses doigts trouvent une des pâtisseries dans laquelle elle mord de bon cœur … jusqu’à ce que ses yeux ne tombent sur une silhouette connue, un peu plus loin. Est-ce … ? Oui, les traits se tournent dans sa direction. C’est bien Teddy Baskerville qui est en train de discuter avec Lloyd, comme elle quelques moments auparavant. Les yeux de la demoiselle se détournent immédiatement, espérant qu’il ne l’a pas vue. S’emparant de son verre, elle en boit une gorgée … pour se retrouver nez à nez avec : « Teddy ! » Le sourire qu’elle lui offre est sans doute un brin trop enthousiaste, mais c’est sa marque de fabrique, après tout. Remettant ses cheveux en place d’un mouvement de main, elle tente immédiatement une pirouette : « Je te proposerais bien de t’asseoir, mais j’ai rendez-vous. » « Lui aussi, intervient Lloyd immédiatement, alors que la bouche de la jeune fille se referme. Ah. C’est une plaisanterie ? Je vais chercher Miss Calypso pour lui dire que vous êtes bien là tous les deux. » Et il s’en va, avant que Zélie n’ait pu trouver une parade, ou quoi que ce soit à dire. La laissant seule face à celui qu’elle évite depuis un peu plus d’un an. Silencieuse, fait assez inhabituel pour être noté.