somewhere far away from home (isabo)

Dans la nuit les secrets s’envolent. Et à l’Upper West Side, jugé par les étoiles, Abel déambule à la recherche de promesses qu’il est incapable de tenir. Le visage figé, il s’imagine grand magicien alors que c’est seulement la pierre au fond de sa poche qui lui donne tout ce qu’il a. Maître du temps grâce à la gemme qui s’illumine à chaque fois qu’il l’a fait tourner entre ses doigts. Il la cache comme son objet le plus précieuse, la laisse devenir tout ce qu’il est pendant quelques secondes et disparaît à nouveau dans la nuit. Alors que les astres se couvrent d’épais nuages, il part à la recherche de la même potion, encore et encore, celle qui l’empêchera de tomber dans les abysses. Pourtant le liquide n’est pas pour lui. Il est pour quelqu’un d’autre. Abel, il recherche en permanence la même chose pour emma, en se disant que c’est rien de plus qu’un service rendu, un moyen de se racheter pour tout ce qu’il n’a pas pu faire. Il s’ment à lui-même et il essaie d’oublier ses yeux qui brillent et arrachent toute la lumière autour d’elle.

Il ne s’y attend pas, quand il croise le regard d’Isabo dans les ténèbres, le gars qu’il a déjà volé pour les mêmes raisons. Il pense à presser le pas, mais dans les quartiers de la nuit, sans révéler sa pierre, il ne fait pas le poids. Sorcier de glace qui le fustige du regard, leurs orbes gelées s’affrontent, combat déloyal alors que les étoiles se dissipent. Il n’y aura pas d’échappatoire pour Abel, cette fois. Pas de jolie pirouette, c’était le danger de vivre en s’entourant de ses plus beaux mensonges. Il sublimait ses illusions en espérant qu’elles effaceraient le bruit de ses cauchemars. Mais aujourd’hui encore elles l’abandonnaient face au poids de la réalité. « J’imagine que tu vas pas me laisser partir comme ça, pas vrai ? » La rue est vide, et la night court s’oublie déjà dans les nightclubs, s’amusant à repousser le petit jour. A deux mètres d’Isabo, il contemple les conséquences de ses propres choix. Les miracles s’évadaient déjà pour Abel. Avec un cœur trop silencieux logé dans sa poitrine, il fait un pas en arrière. Il avait appris à être prudent pour sauver sa peau. A tisser des mensonges qui le sauveraient de l’affreuse vérité. « J’t’assure que j’avais une bonne raison. » Les deux mains en l’air, il se sent trop vulnérable. Le temps s’écoule dans sa poche, et les aiguilles emportent grain par grain l’espoir qu’il a de s’en sortir.