we always have a choice (isabo)

Il y avait le doute, lorsqu’il était petit. Ses parents, amants d’un soir, n’étaient pas les deux sorciers qui se faisaient le plus confiance. C’était qu’une erreur et lui aussi, même si personne n’ose le dire, tout le monde le pense. Dans tous les cas il était là et on ne pouvait pas y faire grand-chose. Si sa mère avait initialement décidé de le garder et que ça ne dérangeait pas du tout le père, leurs plans ont changés lorsqu’elle a affirmé qu’elle savait qu’il appartenait à l’hiver et pas à la nuit. Elle savait ce que c’était d’enfanter un enfant de la nuit, puisqu’elle l’avait fait, même si sa grossesse n’avait finalement pas aboutie, et lui, il ne l’était pas. Quelques mois avant sa naissance, sa mère s’est mise à avoir souvent très froid, de longs frissons et des grelottements, auxquels des piles de couvertures ne pouvaient rien y changer. Pas que son père y croyait, mais lorsqu’elle est venu lui pondre cette petite boule criarde chez l’hiver il n’a pas vraiment eu le choix. Jusqu’à ce qu’il grandisse et qu’il en témoigne lui-même, jusqu’à ce qu’un beau jour Isabo devienne plus froid qu’un bloc de glace en hiver, jusqu’à ce qu’il enveloppe ses jouets de givre en les touchant tout simplement. Là et seulement là, il a accepté que ce garçon soit son fils. Il n’a pas été plus tendre, plus aimant, après ça, mais il acceptait le rejeton, il acceptait de perdre de son précieux temps pour lui montrer comment devenir un sorcier de l’hiver digne de ce nom et surtout, comment devenir un soldat, puisqu’il marcherait certainement dans les pas de son père. Tout n’allait pas se passer exactement comme il le voulait, mais presque.

Si son père ne le voyait pas d’un très bon œil, ce fut également le cas de son coven. Son père, avec le temps, à bien appris à l’aimer, et son coven, à l’accepter, puisque plus les années passaient et moins son cas était d’actualité. On n’a pas pour autant cesser de le surveiller. Quelques choix n’a pas toujours été bien reçues, mais dans l’ensemble, on n’avait pas beaucoup de raisons de croire qu’il n’était pas sur la bonne voie. Dans tous les cas, pour cette raison, il s’est isolé, mais cela ne veut pas dire qu’il ne se sentait pas chez lui à l’hiver. Isabo ne s’est jamais laissé ébranler et si parfois, il hésitait, il ne l’a surtout jamais montré. Avec ça, et la pression d’entrer dans un cadre déjà tout fait d’avance pour lui, il n’avait pas non plus vraiment le temps pour beaucoup de distractions. Il travaillait dur pour contrôler sa magie, pour en être maître, et pour s’élever au rang de soldat, aussi.

Comme tout sorcier de l’hiver digne de ce nom, il est bien allé à l’université Astoria, et il savait bien avant le temps qu’il serait un soldat. Tout était écrit, sauf le fait qu’il développerait un goût prononcé pour les élixirs. Il sait toujours se battre quand même, très bien même, et il est passé au travers du cours donné par l’automne sans trop en arraché, mais peut-être qu’on attendait de lui un côté plus froid, plus sec, plus rapide et efficace, moins destructeur, moins ravageur, comme le feu. Ce n’est pas ainsi que l’hiver fonctionne, l’hiver viens doucement et c’est quand qu’on s’en attend le moins qu’il frappe. À ce moment, du moins, il est entré en contact avec d’autres sorciers, différents, venant de tous les covens. Pas qu’il se liait d’amitié très facilement, sachant qu’il était toujours très concentré sur ses études et son entraînement, mais il a vue d’autres horizons. Il n’a pas changé d’allégeance, d’idées, de chemin, mais il est bel et bien devenu curieux et s’est aventuré ailleurs, profitant d’un peu plus de liberté que sous la surveillance de son père. D’où est sorti sa moto, ses tatouages et la mauvaise habitude de traîné dans l’Upper West Side.

En sortant de l’Université, comme toujours, il fallut qu’il prenne sa place et qu’il prouve qu’il n’était pas mieux ailleurs, et c’est plus le temps qu’autre chose qui l’a aidé à être doucement accepté, au fil des missions réussies, sans parler de toutes les fois où il a prouvé son allégeance au coven de l’hiver en le choisissant avant tout autre. Malgré tout, enfin, il se laisse un peu plus allez puisqu’il a maintenant atteint son but et que peu peut remettre en question son appartenance à l’hiver. Il n’est donc pas rare de le voir dans l’Upper West Side, là où il allait de temps en temps pour rendre visite à sa mère, mais où il allait surtout lors de sa dernière année à Astoria, lorsqu’il se cherchait et qu’il voulait devenir quelqu’un d’autre que son père, puisque bien que celui-ci a toujours voulu qu’il soit une copie conforme de lui-même, il ne l’était pas et ne pouvait pas l’être. Isabo était lui et peu importe ce que pensait les autres, ça ne pouvait pas changer. Sauf qu’il fallait, dans le temps, qu’il fasse ses preuves et bien qu’il se soit quelque peu rebellé contre son père, il ne voulait pas non plus déraper complètement. Il a fait ce qu’il fallait et maintenant, il juge qu’il mérite qu’on le lâche un peu. De plus que bien qu’il appartient à l’hiver, Isabo reste quelqu’un de profondément indépendant et de solitaire. Pas qu’il ne peut pas travailler en équipe -sa profession même lui obligeant de ne pas faire face aux choses seul- et pas qu’il n’est pas fidèle à son coven, c’est juste qu’il n’est pas aliéné, qu’il n’est pas aveugle, et qu’il n’est pas une marionnette. Il parlera s’il juge qu’il faut parler et ne posera pas n’importe quel geste injustifié.