i feel like i’m not even here yet

Des tintements qui résonnent dans la pièce. Les sons se répercutent sur les murs de briques rouges, s'apaisent, s'amplifient à nouveau. Un ronchonnement qui s'élève de la masse inerte sous la couette. Et la forme qui bouge, doucement, et les tintements qui continuent. Leonard sort enfin la tête de son drap tartan, la barbe en bataille, les cheveux dans les yeux. Il est sept heures, son réveil indique et s'énerve d'être ignoré. L'herboriste soupire, se gratte la tête d'une main assoupie et réfléchie un instant à exploser la bête rugissante. Les carillons qui explosent ses oreilles le pousse à ramper lamentablement sur le parquet vermoulu de l'appartement, le haut du corps à moitié dans le vide, les jambes encore enveloppées de la chaleur rassurante de la couette. Il tend le bras, la main, le doigt... et éteint enfin l'affreuse technologie. Une raie de lumière accueille Leonard en ce matin d'hiver.

Des pas qui résonnent dans l'escalier. Les marches craquent sous les pieds de leur propriétaire alors qu'il descend dans la boutique. A la main, sa tasse de porcelaine. Dans ses yeux, le sommeil. Il avale une gorgée de thé brûlant, finit de boutonner sa chemise en flanelle. Des herbes à moudre, du ménage à faire, des étagères à ranger. Il est huit heures, c'est son horloge qui le dit. Il étouffe un bâillement, réunie l'énergie nécessaire à lancer un rituel et convoque dans une murmure ses petits diablotins végétaux. Les yeux fermés, concentré, Leonard développe trois créatures à partir de deux cactus et d'une fougère. Elles se détachent, prennent une forme humanoïde grossière d'un petit mètre et se torpille d'un pas joyeux vers l'herboriste. Ensemble, ils se mettent au travail. Le soleil d'hiver se lève sur Brooklyn.

Les cloches de la porte d'entrée qui s'animent pour la première fois de la journée. Le rideau de fer a été monté, le premier client est arrivé. Devant lui, un comptoir en bois et des fioles, des herbes, des plantes à perte de vue. Et un homme en flanelle, un sourire accueillant se détachant sur la noirceur de sa barbe qui manque de faire tomber un plat en verre, des petits êtres verts qui le rattrape in extremis. Il est neuf heure, le soleil enflamme déjà le ciel d'une douce lueur orangée. Il fait frais. Le thé n'a pas refroidi dans la tasse bleue et la journée peut commencer. Bienvenue dans l'herboristerie de Leonard Smythe, bienvenue à l'Opilia Corner.