lost stars (aoi)

But are we all
Lost stars
Trying to light up
The dark ?

w: @aoi baskerville

soupir qui lui échappe, qui semble résonner dans le bâtiment silencieux, puis brusquement interrompu, comme aspiré par il ne sait quel entité hantant les lieux. souvent, alors qu’il s’isole dans les ombres, il a l’impression de les sentir. les yeux noirs. comme s’ils étaient là, posés dans son dos, disparaissant à l’instant précis où il se tourne. il ne sait s’il rêve. s’il devient un peu fou. si son imagination lui joue des tours. ou si, tout simplement, cet entité que les wicked ont décidé de vénérer existe bel et bien, glissée parmi eux, dans leurs actions de tous les jours. il n’est pas spécialement intéressé par savoir, pour être tout à fait honnête. il a découvert cet endroit comme tout le monde, en demandant pourquoi les bateaux s’enfonçaient ainsi dans la nuit, chaque vendredi soir. le lieu en lui-même n’a rien de spécial, si ce n’est l’atmosphère presque mystique qui semble y régner. mais le calme, l’étrange sérénité qu’il y ressent, le rappelle toujours en ces lieux. une parenthèse dans son monde sans dessus dessous, son monde réduit en cendre puis reconstruit, pour mieux le détruire. pas de lumière au bout du tunnel, juste des ténèbres qui deviennent familières. des ténèbres qui l’oppressaient autrefois, lui, l’enfant du jour, l’enfant de la lumière. prince du soleil jeté de son olympe, moqué par les autres astres, piétiné par venus. mais les étoiles, elles, sont restées. la main tendue, les doigts écartés, le sourire invisible mais doux. la main invisible sur son épaule, celle qui le pousse de l’avant, qui le force à continuer, alors qu’il souhaite tout simplement plonger dans les abysses et ne plus jamais revenir. les étoiles qui font couler le feu dans ses veines, qui entretiennent les braises de son coeur. un destin déjà tracé, des souffrances nécessaires. tu seras roi mon fils, qu’on lui avait murmuré. simplement, cela ne sera peut-être pas le roi du jour, le souverain du soleil. cela n’a pas forcément besoin de l’être.

assis sur l’un des banc de bois abimé, les pieds posés négligemment sur le dossier en face de lui, la cigarette pendant entre ses doigts, les yeux fermés, armand, il s’endormirait presque. perdu dans les méandres de ses pensées, l’enfant-roi il embrasse le moment présent. derrière lui, la porte grince. ses doigts libres viennent caresser le pommeau de son épée par un réflexe qu’il a apprit à créer, alors que sa tête se tourne vers la source du bruit. une jeune femme vient d’entrer, visiblement incertaine. mais armand, il a apprit à ne pas uniquement se fier aux apparences. autant que son sourire lumineux cache un coeur capable du pire. “salut”, qu’il lance, se détournant déjà pourtant, car il sait, que souvent, ses salutations restent sans réponses. nombreuses sont les âmes renfermées et égarées, au sein de rockaway. il peut comprendre. il a connu ce stade, lui aussi.  

But are we all
Lost stars
Trying to light up
The dark ?

w: @aoi baskerville

tranquillité perturbée, havre de paix profané. il devient si compliqué de se perdre ici, de s’isoler. île emplie de recoins et pourtant, toujours si peuplée. de plus en plus peuplée d’ailleurs, alors que les covens intransigeants envoient encore et encore leurs indignes, alors que des familles se créent au sein même de la péninsule, semblant d’une vie normale. mirage passager auxquels tous finissent par croire, ne serait-ce que pour un temps. voilà longtemps qu’armand a cessé de croire à une possible vie normale en ces lieux. injustice qui fait rugir son coeur, qui brûle ses veines d’un désir de vengeance. il se le promet, se le répète souvent. il fera tout ce qu’il est possible pour les sortir de là. pour les faire payer, eux. et il gardera son bourreau en dernier. la regardera comprendre qu’elle aussi, perd tout. lui brisera le coeur en lui prenant les seules personnes qu’elle considère, en dehors d’elle-même. peut-être même qu’il la gardera en vie, juste pour lui faire admirer sa victoire, leur victoire. la laisser pourrir tel qu’elle l’a fait, avec lui, un sourire aux lèvres. le même qu’elle a eu, alors que son coeur se brisait. se réduisait en cendres.

pensées morbides interrompues par une présence inconnue, qu’il gratifie d’une salutation légère, passagère. étonnement alors qu’elle profère une réponse, et petit à petit, s’enhardi suffisamment pour l’approcher. âme courageuse, donc. ou trop curieuse. il lui glisse un regard, à cette silhouette un peu trop fine, un peu trop fragile. heureusement pour elle qu’il ne fait pas partit des méchants, par ici. enfin, il ne pense pas. “armand.” qu’il offre, tendant une main baguée, un air non menaçant sur le visage. sur ses gardes, toujours. peut-être est-elle un appât, là pour le distraire, le reste d’un gang attendant de le dépouiller. peut-être est-elle le danger elle-même.

ou peut-être est-elle simplement une âme égarée, un peu comme lui, un peu comme eux tous. “en quête de solitude ?” qu’il demande, curieux malgré lui, sourcil qui se hausse, ombre d’un sourire qui danse sur ses lèvres. fier lion aux allures de gentil labrador.  

But are we all
Lost stars
Trying to light up
The dark ?

w: @aoi baskerville

oh, la recherche de réponses. cela le fait sourire légèrement. ils en cherchent tous, des réponses. pourquoi sont-ils arrivés là. est-ce que tout cela était écrit dans les étoiles, est-ce que les deux yeux noirs avaient un plan pour eux. ou est-ce qu’ils étaient les maître de leur destin. est-ce qu’ils étaient ceux pouvant tout décider, ou alors simplement des marionnettes ? et puis même, peu importe cette réponse en réalité. que sont-ils censés faire, maintenant que leur famille ne veut plus d’eux, que la société les a mis à l’écart ? qu’ils sont parfois même nés sur ce caillou, bannis avant même de voir le jour. idée oppressante, de n’appartenir à rien, de ne pas être désiré, d’être dénigré et bafoué. armand il se sent fort de son expérience. de sa vie à la day, de ses erreurs, d’avoir appris de la pire des façons que parfois, même le plus beau des rêves n’est que cela. un rêve. et que soudain il disparait, éclate comme une bulle de savon, et la chute commence, longue et sans fin. ou presque. il a l’impression d’être parvenu à s’accrocher aux parois du précipice, et depuis il tente de remonter, à s’en faire saigner les ongles, à en pleurer son âme. toujours plus haut, vers le ciel libérateur, vers le soleil autrefois libéré. enfant des vents qui se laisse porter vers son premier seigneur.

“ah, oui, c’est une activité commune par ici.” il ne perd pas son sourire, celui qui semble toujours là, quelque part, au coin de ses lèvres. bonne humeur qui semble malsaine en ces lieux. comme si seuls les pleurs étaient autorisées sur la péninsule. douleur et désespoir. armand il a choisi une autre fois. “ce n’est qu’un bâtiment.” qu’il murmure doucement, ne bougeant pas de sa place, suivant pourtant le regard d'aoi vers les deux yeux les fixant sans les voir. “par expérience, n’y attend pas grand chose.” il hausse une épaule, cherchant distraitement son paquet de cigarettes dans la poche gauche de son manteau. “un philosophe te dirait que les réponses sont dans ton coeur. un réaliste te dirait qu’il n’y en a pas vraiment. choisi la version que tu préfères.” il est d’humeur fataliste, aujourd’hui. peut-être pas la meilleure façon de remonter un peu le moral d’une âme égarée. “une cigarette ?” comme à une vieille amie.