I heard we need each other - Evankhell

Il a de ces affaires qui se prennent à glisser sous l’épiderme solaire. Celles qui réveillent une certaine attention, une certaine curiosité, un besoin de réussite. Cela fait de longs mois que certains clients semblent simplement disparaitre, s’éloigner des griffes marmoréennes pour ne plus jamais réapparaitre. La patience de Svetlana a commencé à montrer des signes de fatigue alors que la même histoire s’est répétée encore et encore sans que Dashiell ne puisse réellement la comprendre. Chacune si similaire à la précédente que cela en est devenu épuisant. Un sorcier de l’automne se retrouve face au tribunal. Trahison, détournement de fonds, violence injustifiée, peu importe réellement ; les charges sont lourdes. Il n’y a aucun doute quant à la véracité des offenses. Alors voilà que le Soleil se prend à illuminer les Flammes. Après quelques semaines, le voilà mis en liberté sous caution. Il ne reste que peu de temps avant de s’assurer que le procès ne s’écroule. Il ne reste que peu de temps avant de s’assurer que les black dimes coulent. Et voilà que le client disparait. Du jour au lendemain. Il n’est plus et ne le sera plus jamais. Oh, comme ils ont tout fait pour changer la donne, mais rien n’a jamais pris. Jusqu’à ce qu’un policier accusé de protéger une vermine par "amour" ne leur fasse part d’un supplice. « Don’t let me out. Please. He’ll kill me! » Le Jour n’a pas immédiatement compris, confus de voir une telle demande. « Who will kill you? » Et voilà qu’il a parlé. Il a parlé d’un sorcier de l’automne qui a pour habitude d’éteindre ceux qui manquent de faire honte a leur court. Il a semblé si certain, l’accusé, et c’est pour cela que Svetlana a décidé d’en faire un appât. Elle s’est assurée de le retrouver sur la rue, et voilà qu’il a disparu. Voilà qu’il s’est éteint.

Le doute a alors disparu. Ils avaient un nom, mais le nom d’un fantôme, le nom d’un être que tous ont décrit comme délicat. Mais il n’est pas dupe le Soleil, lui qui sait plus que quiconque ce qui se prend à se cacher derrière un sourire. Alors c’est une nouvelle patience qu’ils ont fini par trouver, qui s’est faufilée jusqu’à eux. Sous les ordres de Svetlana, Dashiell a passé de longues semaines à chercher cet homme qui est à l’origine d’une perte financière négligeable face à l’opulence, mais que l’avocate ne supporte pas. Le temps s’est écoulé et la jeunesse n’a rien trouvé, rien qui lui aurait permis de se montrer fière face à son mentor. Il a besoin de plus, besoin de s’élever sous les ailes de celles qu’il considère comme une sorcière sans faute. Mais le chemin est long et la réputation bancale de son père continue de peser sur ses épaules malgré tous ses efforts. Alors il a continué de chercher, a commencé à découvrir des murmures ici et là, comme si le sorcier a lentement quitté cette cachette au sein de laquelle il a dû se perdre de longues années durant. Il a continué, le Shuren, jusqu’à ce que le nom se trouve lui-même le chemin de son bureau. Un bureau qui voit de nombreuses affaires rejetées en raison de leur manque d’intérêt. Et en voilà une qui, dans le fond, aurait dû en faire partie. Not today.

C’est la première fois que l’accusé s’est insinué dans la vie de Dashiell. Lui qui semble clairement ne pas être à l’origine de ce dont on l’accuse, c’est son nom qui a fait que Svetlana n’a pas hésité. Pro bono. Cela fait un moment qu’elle est avec lui, qu’elle tente d’insinuer ce qu’ils savent déjà. Mais la voilà qui en sort sans ce rictus mesquin qu’elle porte lors de ses succès. « Dashiell, » qu’elle appelle. Il prend immédiatement place a ses côtés. « You have been wanting to achieve more, have you not? » Il se contente d’un hochement de tête poli. « Converse with him, bring him to me. » Et voilà qu’elle s’éloigne, qu’elle le laisse en charge d’un échange qu’elle aurait surement pu conclure en quelques instants. Il respire, le Soleil, attend un moment avant de pénétrer dans ce bureau qu’il connait par cœur. Celui qu’il a cherché depuis de longs mois se trouve enfin devant lui, assis sur un fauteuil aux accents dorés. Il l’a déjà aperçu lorsqu’il est entré dans les bureaux, mais alors qu’il prend place a ses cotes, il se laisse porter par les détails de son visage. « Good morning Mister Han. » Sa voix est posée, ne laisse rien paraitre de la peur qui se réveille dans le fond de ses tripes. Il n’a le droit a aucune erreur. « My name is Dashiell Shuren, I work for Svetlana. She has asked me to meet with you and discuss your case. » Doux mensonge au timbre véritable. Evankhell s’est vu attribué ce cabinet solaire a la réputation douteuse. Qui donc sait ce qu’il sera prêt à partager ? « You say you are innocent of the crime you are being accused of? » Qu’il parle de son innocence, de sa douceur, afin que celle du Jour puisse laisser couler des secrets sanguinaires qui les pousseront vers l’avant.

Ses doigts tremblent alors qu'ils parcourent la surface lumineuse de son écran. Hésitation, remords, regrets ? — pour combien de temps encore allait-il prétendre tout ignorer ? prétendre être cet autre qui n’avait jamais vraiment existé? Etait-ce “ça” la soit-disante bonne solution ? De se laisser dépasser par le présent en se noyant dans les tourments du passé?

Si au tout début il était froid comme l’acier, à ne juger que par les faits et sans la moindre once de culpabilité; peu à peu, avec le temps qui s’écoulait, il s’était réchauffé au contact du sang encore chaud qui se versait, sa conscience désormais brûlante comme le feu d’un brasier. à le nourrir d’une honte certaine, suivie d’une vive culpabilité. Alors faisant de lui une bombe à retardement à force de trop penser : car même s’ils étaient des déchets, des rejetons que même leur propre mère abandonnerait, était-il en droit d’éteindre un feu qui n’avait pas encore perdu son envie de brûler? Alors se disait-il, qu’est ce que Kael lui dirait ? que pouvait-il penser de lui s’il le croisait ainsi? Les joues creusées, le sourire forcé? Le voir si misérable chaque fois qu’il se lavait les mains avec un dégoût profond chaque fois qu’il apercevait de nouvelles nébuleuses tacher sa peau dorée.

Il y pensait souvent à la signification de la vie qu’il menait. à l’origine de cette obscurité qui s’était soudainement diluée dans ses pigments irisés. Comment un garçon comme lui avait-il pu aussi vite chuter dans le précipice des meurtriers ? C’était que “tuer”, réduire à une vie à un simple contrat sur papier ça ne l’avait pas du tout effrayé. Au contraire, ça avait été réduit à une étrange adrénaline, un rush d’hémoglobine qui soudainement lui faisait tout oublier. le thrill d’être propulsé au sommet d’une pyramide d’autorité, d’obscurcir des étincelles sans même risquer d’être emprisonné.

Enfin, c’était ce qui était prévu.
Parce que lui-même ne comprenait pas tout à fait par quel miracle il s’était retrouvé à solliciter un avocat pour ne pas finir accusé d’un meurtre pour lequel, curieusement il n’était pas le coupable. Et il était persuadé que ce n’était pas lui (parce qu’en dépit d’avoir des soucis à se souvenir de ceux qui dataient depuis quelques mois, voir années), il lui suffisait de voir les faits sur lesquels ils s’appuyaient pour réaliser qu’il s’agissait d’une grossière supercherie, d’un stratagème pour se débarrasser de lui car tout était brouillon et trop mal organisé, trop facile pour être un crime commis par un tueur expérimenté. « M’orning at-attorney? » il lève les yeux pour scruter le plafond de béton, croisant ses jambes, détaché de sa situation pourtant précaire, il lui tend une main légère. « oh yeah that’s how I have to call you. Yeah, attorney Shuren. » quelques mots craché avec une exaspération, présente mais discrète, lui fatigué par les mêmes présentations et formalités depuis ces trois dernier jours par chaque personne qui tentait d’une manière où d’une autre de trouver la vérité. « I think that’s the point. that i’m not a murderer. » il se contente de hausser les épaules et de se ronger un ongle sans le réaliser, trahissant alors d’un certain inconfort, d’une irritation qui grandissait; celle du manque d’alcool à ingérer.  « and that i’m tired of saying the same things. that I had no reasons to kill this guy. »  

Il est clair que les deux sorciers viennent de mondes différents. Comme a son habitude, Dashiell est la précision, celle que l’on ne peut fauter. Son dos est droit, ses jambes croisées dans une image digne d’une peinture de la renaissance. Mais il y a quelque chose de plus dans le fond de son regard, un détail qui scintille au plus profond de ses iris. L’échange qui se prépare est des plus importants pour le jeune homme. Voici sa chance de prouver à Svetlana qu’il est capable de tout ce qu’elle lui a appris. Sa chance de prouver au monde qu’il est plus que l’enfant d’un incapable, qu’il est prêt à atteindre des sommets plus hauts que tout autre Shuren avant lui. Ainsi, rien ne peut se mettre sur son chemin. Et les premiers mots qui s’échappent d’entre des lèvres de son client manquent de lui faire lever les yeux au ciel. La nonchalance du sorcier annonce une suite difficile, un échange qui risque de pousser le Soleil à abandonner certaines de ces précisions qui l’ont élevé. Voilà surement ce qui a poussé Svetlana a l’encouragé à prendre part, elle qui a appris si facilement à se faufiler au travers de l’esprit de ceux qui l’entourent. « Oh yeah that’s how I have to call you. Yeah, attorney Shuren. » Il s’empare de sa main, la serre avec force. « You may call me Dashiell, if you wish, » qu’il répond simplement, ouvrant devant lui le dossier qu’il a préparé, listant les détails de l’affaire que le monde a posé contre les Flammes.

« I think that’s the point. That i’m not a murderer. » Le regard chocolat quitte les lignes un moment, trouve les manies d’Evankhell, puis rejoint la paperasse de nouveau. « And that I’m tired of saying the same things. That I had no reasons to kill this guy. » Il sort quelques morceaux de papiers, l’avocat, appose un stylo sur l’un d’eux et reporte enfin son attention sur son client. « Mister Han, before we decide to go any further with this meeting, there is one thing you should be aware of. » La danse dans laquelle ils s’apprêtent à se perdre est de loin celle qui, aux yeux de Dashiell, est la plus dangereuse. « We do not care whether you, in fact, are or are not a murderer. » Le sourire qu’il lui offre est doux, cache au coin même de ses lèvres une noirceur particulière, celle qui laisse penser que les mots ont plus de poids qu’il ne le parait. « The question at hand regards the crime you have been presently accused of. For now. » Nouveau sourire qui disparait aussi rapidement qu’il est né. « Motive remains a detail; the case built against you is substantial. Some might go so far as to say it is an open and shut case. But we are not some. » Son dos se repose contre le dossier de la chaise, ses mains se croisent sur son genou. « Whether you have killed this man – or any other man for that matter – does not influence our present work. We will ensure you do not find your way to prison. » Dans un mouvement lent, sa tête se penche légèrement sur le côté. « Provided of course your case fits our… values shall we say? »