DAFT PRETTY BOYS,,

    
☼ there's still light in him ☼

Ce soir-là, on pouvait observer l’ombre d’une silhouette plongée dans le noir, comme si elle affrontait ses démons les plus féroces. D’une droiture parfaite, la silhouette avait l’air gelée, comme coincée dans un espace-temps. La lumière vint éclairer la pièce et cette silhouette masculine, le poussant à fermer les yeux un instant dus au choc que la lumière occasionnait sur ses prunelles soudainement habituées au sombre, au noir le plus profond. On découvrait un homme aux poings serrés, sur des cuisses cachées par un pantalon de costume clair parfaitement repassé. Des prunelles bleuâtres entourées de globes rougis, une mâchoire serrée, une moue fermée. La présence de l’homme s’était faite rare ces derniers jours. Ce n’était pas Loras, assis sur ce canapé hors prix dans ce salon lumineux. Il ne s’agissait là que de son ombre, d’un souvenir abîmé. Les talons claquant sur le sol n’avaient même pas poussé Loras hors de ses pensées. Rien ne pouvait le sortir de là, pas même elle. Quelques secondes plus tard, la silhouette de sa mère vint s’ajouter à l’équation. Le père et la sœur disparaissaient peu de temps après, laissant une mère apeurée et un fils dépourvu de toutes réactions. Dans la précipitation, le sac à main de sa mère se retrouva sur la table et son blouson, se retrouva au bout du canapé. L’instinct maternel avait sûrement réveillé quelque chose chez la mère, elle qui n’était pas du genre à s’inquiéter pour sa progéniture. Ses enfants n’avaient plus l’âge pour ça. Ils avaient grandi. Loras était devenu homme, il avait réussi à la rendre fière. Sa sœur suivait le même chemin, celui de la réussite. Elle n’avait plus à s’inquiéter pour eux et avait désormais du temps pour elle, pour son mariage, pour tout le reste. Seulement, l’idée même de voir son fils aussi tendu, froid, différent, ne lui plaisait pas. Ce n’était pas lui. La mère vint poser sa main sur celle de son fils qui ne réagit pas. « Loras… » Un mélange d’inquiétude et de douceur, entre la pitié et la réelle envie d’aider. À l’entende de ce prénom, la mâchoire qui était déjà serrée se resserra et son regard se figea sur le visage plissé de sa mère, qui elle, essayait d’analyser l’expression si vide de son propre fils. Elle ne le reconnaissait pas. Elle ne l’avait jamais vu ainsi. Elle faisait face à un inconnu qui portait le visage de son fils, ni plus ni moins. Une minute s’écoula et le jeune homme reprit sa position initiale, ne donnant aucune réponse à sa mère, ni même à sa propre personne. Pourquoi une telle réaction ? Pourquoi lui avoir donné tant de pouvoir ? Pourquoi lui ? Bien qu’elle essayât de détendre ses mains grâce au contact maternel, elle ne pouvait pas dénier sentir les articulations de son fils se tendre plus les secondes passaient. « Elle est partie. » Qu’il avoua après quelques minutes de silence. Sa mère se redressa, sourcils froncés et regard inquiet posé sur son fils. Partie ? « Elle est partie pour rejoindre Armand de Valois. » Les mots font mal, ils arrivent à blesser le cœur du Vasilyev. Ça n’a aucun sens et pourtant, c’est bien ce qu’il s’est passé et ce qui fait autant souffrir le blondinet. « De Valois ? » La matriarche semble toute aussi confuse et elle arrive à percevoir une grimace de la part de son fils à l’entente du fameux nom de famille. Ils ne sont pas inconnus ici ni appréciés. Loras a toujours considéré cet Armand comme un, ennemi, et ce, depuis toujours. Si bien qu’il n’arrive même plus à pointer la raison de cette haine. Désormais, la raison principale semble plus que justifiée. Il lui a volé ce qu’il avait de plus précieux, la femme qui avait son cœur entre ses mains et qui s’en est allé avec, le jetant sûrement aux ordures rien qu’à l’idée d’en manier un autre. « Loras, ce n’est qu’une femme. Il y en a tant d’autres qui t’attendent dehors... Ne te torture pas pour cette défaite. » Car dans cette famille, tout est question de réussite ou de défaite, même les relations, peu importe ô combien elles sont personnelles et importantes. Il eut un mouvement de recul, la mère blessée et intriguée ne releva pas. Au moins, il arrivait à bouger. Il retrouvait vie, mais pour les mauvaises raisons. La colère le faisait bouger, pas la compréhension ni même le pardon. Il bougeait, car les paroles de sa mère le dérangeaient. « Ce n’est pas qu’une femme. C’est Vesper, maman. » son ton est froid, sec. « Et ce n’est pas une défaite. Je n’ai pas perdu. C’est elle qui a tout foiré, pas moi. Je n’ai rien fait pour ruiner cette relation. Elle se lassera de son de Valois et elle regrettera les décisions prises. Elle m’a perdu et n’a rien gagné en rejoignant Armand de Valois. » Et dans un mélange de désespoir et de déni, il vient à se demander s’il ne l’avait pas perdu bien avant cet abandon. Mais il refuse d’admettre qu’il l’a perdu en première. Après tout, ce n’est pas dans les habitudes du Vasilyev de perdre.
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Loras brille, si bien qu’il ferait presque de l’ombre à son roi soleil, s’il en avait l’arrogance. Son éclat est puissant et pourtant, si faux. On croit à son spectacle, on pense qu’il a trouvé la force de pardonner et de devenir un homme encore meilleur. Ça le ferait presque rire. Comment pourrait-il pardonner une telle trahison ? Où pourrait-il trouver la force quand, autrefois, c’est elle qui lui en donnait ? Désormais, il doit apprendre à puiser sa force d’une autre source, mais cette quête semble plus compliquée que prévenue. Pourtant, il a l’impression d’en avoir trouvé une. Sa force a une couleur rouge sang, une couleur qui mélange haine et colère. La force qu’il puise dans cette source est si délicieuse et infinie qu’il se laisserait peut-être tomber dedans, se laisser imprégner de ce sentiment si bon. Il aime l’idée d’être fort sans avoir à pardonner qui que ce soit. Il aime le sentiment qui fait battre son cœur et qui n’est pas l’amour. Il est sûr que ce sentiment est pur et que personne ne pourra prendre la décision de le lui voler. Ce sentiment est sien et seul lui le contrôle.  « J’ai pris une décision. » Les prunelles bleuâtres de chaque membre de sa famille se posent sur lui, intrigués, ils attendent que le prince poursuive. « Je compte intégrer l’armée. » Les réactions sont diverses, mais le sourire timide de sa mère réchauffe son cœur qui bat à un rythme différent, entre lenteur et vitesse, on arrive plus vraiment à suivre ces battements irréguliers. « Je peux et je veux le faire.  Je ne veux pas être un de ces hommes qui restent assis derrière un bureau à compter des billets ou des relevés de compte, ça ne m’intéresse pas. » Loras est un homme qui est entouré par l’argent. Tout a un prix, tout a de la valeur. Pourquoi se préoccuper de l’argent des autres quand il ne s’attarde même pas sur sa propre richesse ? Être banquier, ce n’était pas pour Loras. Et peut-être qu’être guerrier l’était, mais le jeune homme désirait porter les couleurs de son coven. Il désirait combattre pour eux et régner. On lui avait descellé une force parfaite pour l’armée et un désir profond pour faire partie des rangs de celle-ci. Cela dit, personne n’avait descellé la source de ce désir, de cette foutue force pour laquelle il se faisait applaudir. Loras s’est intéressé à l’armée dans l’unique but de soulager ses pulsions, celles qu’il n’aurait pas pu relâcher derrière un bureau. On peut voir le ciel dans ses prunelles, mais elles cachent le feu de son enfer et son envie chaotique de sang et de catastrophe. Prince devenu mi-monstre, blâmant ces envies autrefois inconnues sur la dame aux cheveux sombres qui lui procuraient autrefois toutes autres sortes d’émotions et de désirs. Il analyse chacune des réactions et la seule réponse qu’il trouva fut un sourire, le plus vrai qu’il avait pu sortir depuis très longtemps. L’intention de rassurer ses proches était bonne, vraie. Après tout, c’était ces mêmes personnes qui avaient essayé de le sortir de son enfer et qui prétendaient encore croire au manège que Loras leur offrait.
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La pièce est remplie et pourtant, il arrive à ne percevoir qu’une silhouette. Une qu’il connaît parfaitement, même après tant d’années passées loin l’un de l’autre. Il l’observe comme si elle était le diamant le plus rayonnant de cette pièce. Une pierre précieuse qu’il pourrait bientôt dire sienne. Il profite de ce court instant pour l’observer, cette femme qu’il eut cru avoir perdue pendant quelques années. Cette femme qui, malgré tout, était revenue à lui. L’histoire semblait enterrée, mais ils avaient trouvé un moyen de la faire renaître dans un scénario encore plus merveilleux. Malgré des années dans l’ombre, sous la poussière, la relation qui avait autrefois prise des tournures désastreuses se retrouvait être décrite comme un conte de fées. Vesper avait bien des pouvoirs, mais Loras sera à tout jamais reconnaissant pour celui qu’elle aura utilisé sur lui. Un pouvoir qu’il ne pensait pas exister. Vesper, jolie Vesper, avait trouvé un moyen de refaire battre son cœur, enfui sous un tas de haine, de colère, mis en cage par ses démons les plus vicieux. Vesper avait ce pouvoir et elle était sûrement l’unique femme sur terre à pouvoir en bénéficier. Il avait beau prié malheur à son encontre pour tout ce qu’elle lui avait fait, à l’instant même où il observait, toutes ces prières se transformait en poussière. Ce soir, il priera bonheur pour sa future femme, comme il le faisait déjà depuis plusieurs semaines. « Je t’avais dit qu’elle reviendrait, fils. » La poigne de son père sur son épaule le fit détourner le regard pour que ses iris viennent rencontrer ceux de son père. Il lui adressa un sourire, comme pour le remercier de ces paroles sages durant sa période de détresse. Loras n’avait pas pris soin de remercier quiconque. Il n’en voyait pas l’utilité ni le besoin. Son père rit avant de lâcher l’emprise sur son fils en voyant très bien qu’il hésitait à s’éclipser, n’étant pas habitué à ce genre de paroles et de gestes affectueux. « Va. Ta mère m’attend. » Un hochement de tête et la silhouette, désormais pleine de vie, partie se ruer près de sa fiancée. On le retrouvait soudainement plus vivant et aimable, plus différent, comme si elle éveillait quelque chose en lui que personne d’autre n’arrivait à déclencher. Elle le rendait meilleur.