pretty please? (pri & bere)

(New York est étrangement silencieuse dans son manteau de neige) A une heure pareille, les bureaux et les échoppes sont encore pleins de leurs travailleurs, de leurs employés aux quarante heures. C'est l'avantage, sûrement, d'être à son compte, d'être son propre patron. Sortant du White Castle où un des conseillers des Suprêmes jumeaux l'a reçue pour discuter de la prochaine livraison d'armes, Berenice a tout le loisir de flâner, les flocons parsemant boucles brunes et blanc manteau, alors que ses pas l'amènent vers la bibliothèque du savoir.

De l'autre côté de la rue, elle patiente, attend sa comparse, partner in crimes dans ce nouveau projet, cette nouvelle idée fixe. Les gemmes la fascinent, cette nouvelle forme de magie (ou cette résurgence, qui savait le dire précisément ?) appellent des questions qui exigent des réponses. Loin de s'insurger du mystère représenté par les mal-nommés red thieves, il y a une curiosité, une excitation devant ce nouveau don offert au monde par les Yeux. Loin de vouloir éradiquer la nouveauté comme le veut le reste de l'automne, la compréhension et la coexistence avec ces nouveaux mages poussent ses pas, tirent ses motivations.

« Priska, interpelle-t-elle avant de serrer la jeune femme dans ses bras. Tu vas bien ? » Le sourire tremble un peu sous le froid qui habille la ville et les mains gantées se frottent l'une contre l'autre pour y allumer un peu de chaleur. Deux semaines plus tôt, les deux femmes en discutaient. Du rituel raté, des dérapés de magie. Pour unir arme magique et artefact en association fructueuse de leurs talents, le tissage magique devrait être délicat, subtil mais stable. Et de sorts en rites, les gemmes sont arrivées sur le tapis.

Et pourquoi pas ? Pourquoi pas, en effet.
Et l'idée est restée, l'idée demandait à être creusée.

Deux semaines, c'était le temps nécessaire pour réunir les informations utiles à la traque de leur proie du jour et pour convenir d'une date d'attaque avec Priska. « Son assistant m'a confié qu'il utilisait la sortie dérobée pour aller déjeuner dans un des restaurants du quartier. » Deux semaines, c'était le temps d'attirer le rigide winter dans les filets d'un dîner gastronomique pour lui tirer les vers du nez sur les habitudes de son patron. « Il ne va pas tarder d'ailleurs. » Apparemment, l'homme est aussi rigide et prévisible que le reste du coven puisque le voilà qui passe la porte, pile à l'heure prévue, un bon quart d'heure avant que les bureaux ne recrachent leurs employés affamés. L'homme n'hésite pas quand il traverse la rue, se dirige vers les restaurants qui se trouvent derrière les deux femmes, sans savoir qu'il s'apprête à rencontrer l'obstination de l'automne. « Nous y allons ? » propose-t-elle, laissant à Priska la préséance.