The point is to understand - Lucius

« I believe what Mr Shuren is attempting to point out to the court… » Il n’entend pas le reste des mots si délicats de Svetlana. C’est un échec auquel il fait face, un échec qui se heurte à lui avec une telle violence qu’il en vacille presque. Lentement, il se contente de retrouver son siège, toute la force de son être concentrée a ne pas laisser l’ouragan exploser dans ces pertes de contrôle qui sont les siennes. Il ne prête pas vraiment attention au reste du discourt de l’avocate parce qu’il sait parfaitement qu’elle ne dira rien pour l’aider, pour le pousser de l’avant. C’est lui qui a demandé à prendre les reines, lui qui désire arriver au bout de ce qu’il entreprend. Elle a refusé, lui a annoncé qu’il n’était pas prêt, qu’elle lui trouverait une affaire plus simple, moins fine. Oh, si seulement son arrogance solaire s’était tue, s’il aurait pu accepter la bouée de secours que son mentor lui avait offert. Mais non. Le voilà au sein de ce tribunal, heurté par un retour du procureur auquel il n’était pas prêt. Comment a-t-il pu être assez naïf pour croire qu’il serait parvenu à atteindre cette perfection qu’il désire tant du premier coup ? Ne rien laisser paraitre est peut-être simple pour lui dont l’éducation est toute aux apparences, mais il sait bien que Svetlana voit au travers de son mensonge et s’il sent une douce lumière caresser sa peau, il ne doute pas un instant que le support sera bien différent une fois les portes fermées. « Court is adjourned. » Une minute. Voilà tout ce qui lui a fallu afin de convaincre le juge que la session se doit de ne pas durer, que ces quelques mots au sein de la question du procureur appellent à une revue totale des évidences. C’est si facile.

Et, déjà, les voilà seuls dans son bureau. Elle ne dit rien. Il ne dit rien. Un long moment durant, ils se fixent en silence. Doucement, comme si le jour lui-même en était la cause, la pièce s’assombrit. Elle qui contrôle la lumière est devenue capable de l’éteindre, de l’enfermer dans un coin si discret que le reste du monde en est privé. Puissance ironique pour celle qui ne supporte pas le monde de la Nuit. « Is there a need for me to share my thoughts with you, Dashiell? » « No, » qu’il répond simplement, aveu silencieux de son insuffisance. « You are lucky I am well acquainted with the judge. You have until tomorrow. Do not disappoint me, Dashiell. » Soudainement, comme une explosion silencieuse, la lumière revient, trouve chaque part de la salle. Sauf le visage de Svetlana. Sauf son être qu’elle construit avec aise, appuyant un air sombre qu’il a appris à connaitre. « I will not. » Un hochement de tête et la voilà qui retourne à ses dossiers. Elle ne le congédie pas, mais il sait parfaitement que le temps est venu pour lui de disparaitre. Il a besoin d’être seul, loin du monde qui, il en est certain, reconnait son échec qu’il a du mal à se pardonner. De retour dans son appartement, les documents recouvrent le sol, forçant un grognement ennuyé de la part du félin qui sait que ses pattes ne peuvent caresser les pages. Les heures passent et le Soleil fatigue, incertain de comment réparer l’erreur qu’il vient de connaitre. Il connait l’affaire par cœur, il n’y a aucun doute. Mais ce sont les questions du procureur qu’il ne connait pas, qu’il ne peut prévoir, qu’il ne sait comment adresser. Un long soupire s’échappe de ses lèvres alors que son dos se laisse tomber au sol. Une cigarette prend place entre ses doigts, la fumée glissant le long de sa langue fatiguée. Comme souvent lorsqu’il est préoccupé, l’effluve de nicotine ne s’échappe pas vraiment, forme un nuage sombre autour de son crâne. Alors qu’il est prêt à se laisser sombrer dans de nouvelles heures à relire les mots qu’il connait déjà, une idée se faufile au travers de ses doutes. Il brise le nuage en deux alors qu’il se redresse soudainement, prêt à quitter son antre. Il ne lui faut que quelques minutes afin de s’assurer que les heures passées assis au sol n’impactent pas la perfection de son accoutrement, et le voilà qui quitte l’appartement.

Les cours se finissent à peine à Astoria, et le voilà pris dans un efflux d’étudiants. Il ne leur prête pas attention, se contente de se mouvoir au travers de couloirs qu’il a quittés il y a de cela peu de temps. Une fois arrivé devant la porte du bureau qu’il recherche, il y appose quelques coups délicats, attend qu’on lui annonce que la voie est libre avant d’y pénétrer. « My apologies for coming unanounced after such a long time. » Dashiell offre ce sourire délicat que beaucoup connaissent, celui que son ancien professeur a découvert maintes fois. « Would you perhaps be free to converse for a short while? » Ses mains ont pris place dans les poches de son pantalon alors qu’il s’est approché du bureau, restant debout jusqu’à ce qu’on lui offre la possibilité de prendre place sur l’un des fauteuils. « We have not seen each other for quite some time now, which I am terribly sorry about Lucius. Life has been… eventful, shall we say. » Il n’en dira pas plus parce que les maux qui occupent son cœur ne sont que des douleurs qu’il attend d’ouvrir de nouveau. « Do let me know if you are busy, I shall return some other time. » Peut-être Lucius reconnaitra le doux besoin qui occupe le fond de son ton, comme il l’a si souvent fait. Ce n’est pas la première fois que le Jour s’en vient demander de l’aide à l’Aube, et il ne s’agit surement pas de la dernière.