steal your throne and break your crown,,

(( chapter t h r e e ))
― your values are all shot

sa silhouette déchire le ciel qui se pare de nuages d'or. la nuit va bientôt tomber, privant les sorciers du jour de leur dieu soleil. des longues baies vitrées de l'hôtel particulier, vesper regarde les ténèbres prendre possession de la ville. jamais les ombres ne souilleront son upper east side, brillant de mille feux tapageurs dans l'obscurité. ils sont intouchables. l'enfant observe attentivement la toile de maître qui se peint sous ses yeux. elle attend. et enfin les portes de l'ascenseur s'ouvrent derrière elle. le bruit de talons hauts résonne contre le plancher et s'arrête lorsque la nouvelle venue remarque la présence de la petite wolfhart. « que viens-tu faire ici ? » crache la femme, venimeuse. ça fait sourire vesper. elle se retourne et tombe nez à nez avec la matrone de valois. « j'ai toujours la clé. armand me l'avait donnée. » répond t-elle, une grimace d'innocence dessinée sur son joli visage. ses yeux renvoient cependant une lumière malsaine, un éclair qui semble prêt à détruire l'aînée toute entière. les deux femmes restent là un bon moment, assez pour que leur astre tant aimé disparaisse définitivement derrière un horizon fait d'arbres et de buildings. c'est la mère qui cède la première et qui va s'assoir dans un de ses fauteuils richement garnis. elle se sert un verre de whisky sur le plateau que l'un de ses majordomes avait pris le soin de déposer sur la petite table basse avant son arrivée. elle fait signe à vesper de venir s'asseoir mais la poupée reste debout, provocatrice. « mon fils est un sot. » un éclat de rire échappe à la benjamine devant la détresse maternelle qui dégouline des pores de cette femme. « ne soyez pas si dure avec vous-même, marion. » l'enfant use avec malice du prénom de la reine, comme si elles étaient égales. vesper, elle ose croire avec prétention que ce sont ses dons pour la comédie qui ont tout fait, pas seulement la nature foncièrement naïve d'armand. il n'est pas sot, il a l'intelligence du coeur, de la bonté. « que fais-tu là ? » répète t-elle, la mâchoire serrée. « n'as-tu pas déjà assez paradé à l'exécution de mon époux ? » ah oui, triste affaire. les wolfhart n'avaient guère prévu de voir le patriarche de valois exécuté pour l'exemple. mais qu'est ce que la vie d'un homme pour leur ascension au pouvoir ? rien. on le murmure simple dommage collatéral dans les rangs des loups. tribut pour leur ambition. d'un mouvement de la main condescendant, elle balaye les accusations de la femme. « ce fût une jolie fête. » la mise à mort d'un traître au coven est toujours un évènement que personne ne rate, assez rare pour qu'il en devienne exceptionnel. sous le regard de la brunette victorieuse, les doigts de la veuve se serrent autour de son verre, laissant apparaître des jointures blanchies. « vos valises ne sont pas encore faites ? » demande t-elle, les accents rieurs. ce soir, les de valois quittent la cour du jour. vesper, elle pousse à bout cette mère qui a tout perdu. « on se vengera. » la vipère lève un sourcil, moqueuse. elle ne craignait pas les paroles de cette vieille folle. « et avec quoi ? » c'est vrai, sous peu la magie ne coulera presque plus dans leurs veines. « l'heure viendra. » la gamine ne quitte pas des yeux celle qui dans le pire des cas serait devenue sa belle-mère. « tu peux disposer. » vrombit la matrone. ses prunelles sont tempête, sa voix est colère. doucement, vesper vient se placer en face d'elle. si elles avaient été sauvageonnes, elles se seraient sans doute battues. mais ce sont des femmes d'exception, la seule guerre à laquelle elles se livrent sont celles des mots. « dernière chose... » le regard de la de valois se crispe soudain et la belle la regarde avec délice essayer en vain de prendre des grandes inspirations. elle en lâche le verre d'alcool ambré qu'elle avait dans la main. le crystal vient se briser à leurs pieds. posant une main sur l'épaule de la femme en détresse respiratoire, vesper se rapproche de son oreille et lui murmure tendrement. « si vous avez le malheur de toucher armand encore une fois, je m'assurerai que vous ayez le même sort que votre mari. » les couleurs déteignent de son visage. vesper la regarde s'asphyxier, satisfaite, avant de contrôler sa magie et la laisser respirer. marion de valois tombe au sol tandis que son bourreau s'en va, le pas léger.




la salle fourmille d'invités. tous se pressent sous les tableaux de maître, sous les dorures des plafonds. « belle prise. » un murmure embrasse son oreille alors que des cheveux blonds viennent caresser ses épaules dénudées. vesper n'a pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agit là de sa meilleure amie, hestia d'amovic. la princesse de l'aube vient poser sa tête sur son épaule alors qu'elles regardent toutes deux loras au loin, progresser entre ses convives comme si c'était la danse la plus aisée du monde. « je sais. » répond la sorcière du jour, un sourire fier aux lèvres. il est parfait loras. à contre coeur, vesper se détache de la contemplation de son petit-ami et se retourne pour saluer comme il faut la jeune femme la plus importante de sa vie. hestia est sublime, comme à son habitude. une vraie reine. le duo brille par leur prestige. toutes deux vêtues des plus belles robes, ornées des plus belles pierres, il est difficile de faire plus luxueux. loras archibald les rejoint enfin. il dépose un baiser sur les lèvres de vesper, rayonnante. « content que tu sois venue, hestia. » ils échangent tous les trois des sourires complices. « jamais je n'aurais loupé cette fête. » banales mondanités pour faire bonne figure devant les aînés fortunés. hestia, vesper, loras et alaric étaient toujours ensemble. seulement ce soir, ce n'était pas seulement une de leurs soirées excessivement délurées. non. ce soir, on célébrait les fiançailles de loras et de celle qui deviendra vesper archibald. ils restent quelques minutes à discuter joyeusement avant que le maître de cérémonie ne s'excuse et rejoigne d'autres connaissances. dès qu'il disparaît dans la foule, hestia attrape la main de sa meilleure amie. « quelle bague ! » la vipère se surprend à rosir de plaisir. il est vrai que loras l'étouffait sous les plus beaux cadeaux, les bijoux les plus somptueux mais là, cette bague de fiançailles battait toutes ses espérances. « je suis si heureuse. » c'était vrai. son coeur de glace s'emballait à chacune des caresses du géant blond, à chacun de ses murmures saveur amour. « tu m'donnes envie de vomir. » un éclat de rire perça la musique. elle se claquerait aussi vesper. « mesdames. » un sourire vint déchirer les lèvres de la brunette alors que son frère, si beau, si élégant, apparaissait derrière hestia. elle avait bien remarqué sa précieuse amie qui s'était brusquement tendue, les regards équivoques... « vas faire danser hestia, je dois retrouver quelqu'un. » ordonna la gamine à son aîné alors que le visage de la blonde se décomposa, prête à protester pour la forme. seulement, ce soir, vesper, elle était reine. sans d'autre choix que de se plier à sa volonté, la paire prit possession de la piste de danse alors qu'ils entamaient un tango langoureux. tellement discrets, soupira vesper, bien évidemment au courant que les deux se plaisaient terriblement, se refusant cependant de tout avouer en se cachant derrière défis et provocations en tout genre. puis sans faire de vagues, vesper, elle prit la direction du toit de l'hôtel. elle étouffait. en proie aux vents glaciaux qui mordaient sa peau, elle était bien là, seule. elle passa quelques minutes à admirer la ville à ses pieds, les lumières des voitures qui filaient dans la nuit. on voyait quelques quartiers.... mais on voyait surtout rockaway au loin. et une nouvelle fois comme trop de fois ces dernières semaines, elle pensa à armand. cela faisait sept ans qu'ils ne s'étaient plus vus depuis qu'elle l'avait détruit, et ce n'est que quand elle s'apprêtait à offrir son éternité à un autre homme qu'il venait brouiller ses pensées. elle refuse de se rendre pourtant à l'évidence vesper, amoureuse de son souvenir. la porte de l'issue de secours par laquelle elle est arrivée claque derrière elle en un affreux bruit métallique et loras apparaît dans l'embrasure, visiblement inquiet. le coeur de la belle se serre. elle a l'impression d'être prise sur le fait, c'est étrange. « tu vas bien ? ça fait une heure qu'on te cherche en bas... » vesper s'approche de lui et lui envoie un sourire rassurant. « ça va ne t'en fais pas. » comme pour ponctuer ses dires, elle vient déposer ses lèvres glacées contre les siennes. « hestia m'a dit que tu devais voir quelqu'un, tu l'as trouvé ? » non. elle se contentera des ombres.